Macky Sall : la retraite, très peu pour lui

L’ex-président sénégalais quitte ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète afin de se consacrer à la campagne de l’opposition aux élections législatives de novembre. Avec une ambition à plus long terme ?

© Damien Glez

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Publié le 8 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

On reconnaît les fauves politiques à leur endurance et le pays des Lions de la Teranga ne fait pas exception. Alors que l’espérance de vie, au Sénégal, est d’environ 68 ans, l’ancien président Abdoulaye Wade tient toujours, à 98 ans, les rênes de son parti. Plus rares sont les anciens chefs d’État qui acceptent d’être rétrogradés dans le protocole public, même si les anciens présidents français que sont Valéry Giscard d’Estaing et François Hollande n’ont pas hésité à user leur fond de culotte sur les bancs de l’Assemblée – le premier en 1984 et le second, tout récemment, en juin 2024.

Macky Sall a-t-il, lui aussi, l’intention de redescendre dans l’arène politique sénégalaise ? En fin de semaine dernière, il a été officiellement choisi pour diriger la liste de la coalition de l’opposition Takku Wallu Sénégal pour les législatives anticipées du 17 novembre prochain. Et en ce début de semaine, le site de la télévision nationale sénégalaise RTS annonçait qu’il renonçait à ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P).

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Lâcher la proie internationale pour l’ombre nationale

Il y a quelques mois, peu avant la fin embourbée de son second mandat, Macky Sall avait reçu ce qui ressemblait à un hochet international, traditionnel lot de consolation pour ceux qui acceptent de quitter leur palais. Lancé en 2023, le « 4P » a pour ambition de refonder le système financier mondial afin de lutter conjointement contre les deux fléaux qu’opposent, en général, les stressés de la « fin du mois » et les angoissés de la « fin du monde » : la pauvreté et le réchauffement climatique. Macky Sall explique aujourd’hui son choix de se mettre en retrait par des « risques d’incompatibilité et de conflit d’intérêts », au moment de la campagne électorale au Sénégal.

Alors que les derniers mois de sa présidence ont successivement inspiré la suspicion (d’une nouvelle candidature à la présidentielle), puis le respect (parce qu’il a renoncé à se représenter) et enfin l’incompréhension (face au report de l’élection suprême), Macky Sall a-t-il abandonné les 4P pour quatre « R » ?

Bien malin celui qui déterminera précisément, dans la démarche de l’ancien président, la part de « Revanche » envers le duo que forment Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, de « Résistance » face à un programme de rupture qui pourrait salir son bilan, de « Responsabilité » à l’égard de sa famille politique menacée d’être reléguée au second plan, et tout simplement de « Résilience », après douze ans au sommet d’un État qu’il ne veut pas quitter définitivement.

Et s’il était réélu, Macky Sall démissionnerait-il de son poste de député après avoir sauvé les meubles ? Ou utiliserait-il cette tribune pour, certes, reculer dans la hiérarchie, mais aussi pour mieux sauter dans la course à la prochaine élection présidentielle ? L’avenir dira si sera lancé un nouveau débat sur la constitutionnalité d’un éventuel retour au sommet.

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