Les bébés Ibrahim, Assimi et Tiani poussent leurs premiers cris
Un couple malien vient de rendre hommage aux chefs d’État des pays de l’AES en attribuant les prénoms des militaires présidents à ses triplés. Un geste qui a ému jusqu’au sommet de l’organe législatif.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.
La prosodie désuète des nouvelles juntes africaines n’a d’égale que la modernité des moyens techniques de communication employés et la modestie officiellement affichée par les dirigeants. « Ce n’est pas mon pouvoir, mais le pouvoir du peuple », aime déclarer un capitaine Ibrahim Traoré qui se dit résolu à sacrifier sa jeunesse. Pourtant, au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, cette humilité revendiquée va de pair avec un culte de la personnalité qui semble tout droit sorti des années 70. Manifestations spontanées ou non ? Le néopatriotisme proclamé des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ne contribue pas qu’à la prolifération de drapeaux. Il conduit à l’affichage public de portraits plus gigantesques les uns que les autres.
Une nouvelle dimension vient d’être franchie dans la fascination de certains citoyens pour leurs héros en treillis. Au Mali célèbre pour ses grossesses multiples – depuis que la dénommée Halima Cissé a enfanté cinq filles et quatre garçons -, Imam Traoré vient de mettre au monde des triplés. Mais ce sont les prénoms des nouveaux-nés qui retiennent l’attention. Selon certaines sources, il s’agirait d’Ibrahim, Assimi et Abdourahamane. Des hommages appuyés aux dirigeants des pays de l’AES Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani.
La métaphore de Malick Diaw
Étrange mélange entre vie privée, militantisme politique et vocation commerciale : sur une vidéo TikTok truffée d’encarts publicitaires pour des boissons et des sanitaires, le président de l’organe législatif malien, le Conseil national de la transition (CNT), écharpe tricolore sur la poitrine, annonce, depuis le perchoir, le baptême « affectueux » des triplés qu’il dit s’appeler Ibrahim, Assimi et… Tiani.
Malick Diaw file la métaphore fraternelle en déclarant : « nous sommes comme des triplés, sinon des frères siamois, liés par le même cordon ombilical qu’aucune force ne pourra couper pour nous séparer ». Et de conclure que les temps « ont donné raison » à ces heureux parents maliens.
Appel du pied ?
Une vidéo virale des trois bébés invite à la bonne humeur, un homme jovial cherchant à distinguer le bébé Assimi du nourrisson Ibrahim et s’amusant que l’un des nouveaux-nés semble se mettre au garde-à-vous. Devant ce spectacle, certains internautes n’hésitent pas à critiquer une instrumentalisation des enfants. C’est que ce genre de baptême a parfois eu des ambitions pécuniaires…
En début d’année, dans un autre pays au régime issu d’un coup d’État, un garçon était nommé Brice Clotaire Oligui par ses parents. Le père et la mère recevront la visite d’un émissaire du chef de l’État avec des présents de naissance et cinq millions de francs CFA. Quelques années auparavant, de jeunes parents avaient annoncé rendre hommage au prédécesseur de Brice Clotaire Oligui Nguema en nommant leur fils « Ali Bongo Ondimba Obame Ézéchiel ».
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