Au Burkina Faso, la Voice of America suspendue
Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a pris cette décision après des propos tenus par un journaliste à l’antenne qui affirmait que rien « n’est fait au plan sécuritaire par les forces combattantes » burkinabè.
L’autorité de régulation des médias du Burkina Faso a décidé de suspendre la radio américaine Voice of America (VOA) pendant trois mois, après la diffusion de propos de « nature à saper le moral des forces » engagées dans la lutte antijihadiste.
« Saper le moral des forces combattantes »
La suspension de VOA s’ajoute à une longue liste de médias internationaux – principalement français – interdits temporairement ou jusqu’à nouvel ordre de diffusion au Burkina Faso, depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un putsch il y a deux ans.
Selon l’Agence d’information du Burkina (AIB, publique), le Conseil supérieur de la communication (CSC) a pris cette décision après des propos tenus par un journaliste à l’antenne, qui qualifiait une attaque jihadiste survenue le 17 septembre à Bamako (Mali) de « courageuse » et affirmait que rien « n’est fait au plan sécuritaire par les forces combattantes » du Burkina Faso. L’autorité de régulation citée par l’AIB estime que ces « graves manquements » sont de « nature à saper le moral des forces combattantes », qui luttent contre les groupes jihadistes.
« Si VOA respecte le cadre réglementaire en vigueur au Burkina Faso, nous sommes en désaccord avec ce que nous estimons être des affirmations incorrectes du CSC », a répondu Nigel Gibbs, un porte-parole de VOA, réfutant notamment que la radio ait « cautionné ou justifié le terrorisme ».
« Les propos tenus pendant le programme concerné, Washington Forum, font partie d’une discussion ouverte qui a pour but d’informer et d’échanger avec le public sur d’importants sujets de sécurité touchant la région », développe-t-il, précisant que le but de VOA est d’avoir une approche « juste et impartiale ».
« Au lieu de chercher à réduire les médias disponibles dans leur pays, les autorités burkinabè devraient se concentrer sur la recherche de journalistes disparus », a déclaré Angela Quintal, la cheffe du programme Afrique du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Obstacles à une information plurielle
Plusieurs journalistes ayant enquêté sur des dérives du régime ou émis des réserves sur la politique menée par les autorités militaires ont été enlevés ces derniers mois au Burkina Faso. « Au Burkina Faso, le pouvoir continue de peaufiner la mise en place d’un traitement patriotique de l’information », a de son côté réagi Reporters sans Frontières (RSF).
Cette décision « va davantage priver les populations d’accès à une information plurielle. Le pouvoir burkinabè cherche à invisibiliser par tous les moyens possibles les informations qui sortent du narratif imposé. Nous demandons aux autorités d’annuler cette décision », a déploré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne à RSF.
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Le capitaine Traoré a fait du retour de la souveraineté nationale une de ses priorités et tient régulièrement des discours hostiles aux puissances occidentales.
Dans un communiqué séparé publié mardi, le CSC a par ailleurs indiqué avoir suspendu la diffusion automatique de contenus internationaux sur des médias audiovisuels locaux.
Le régulateur justifie cette mesure par « la diffusion récurrente d’informations de nature malveillante et tendancieuse » sur ces plages de synchronisation.
(Avec AFP)
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