Malgré Makala, la RDC entre au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Le 1ᵉʳ janvier prochain, Kinshasa fera son entrée dans le principal organe intergouvernemental des Nations unies traitant de la question des droits humains. Des observateurs dénoncent de la complaisance envers un pays qui abrite des prisons surpeuplées et insalubres.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.
« Quand je m’examine, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure ». Peut-être l’esprit de cette citation de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord a-t-elle permis à la RDC d’être élue au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. En effet, Kinshasa reçoit certes régulièrement de sévères critiques sur les conditions de vie de ses citoyens. Mais, pour intégrer cette instance onusienne, le pays était en lice avec un autre pays très critiqué sur le plan humain, l’Arabie saoudite.
La diplomatie de Riyad a échoué à obtenir un siège, au contraire de Kinshasa. Le 1ᵉʳ janvier prochain, les membres de l’organe intergouvernemental des Nations unies commenceront un nouveau mandat. Concernant l’Afrique, les membres sortants béninois et gambiens ont été réélus pour trois années supplémentaires, tandis que la République démocratique du Congo siègera donc avec l’Éthiopie et le Kenya.
Une pilule carcérale difficile à avaler
Si plusieurs sujets font grincer les dents des ONG spécialisées lorsque la RDC est évoquée, la situation sécuritaire au Kivu ne disqualifiait pas formellement Kinshasa, tant les responsabilités sont censément aussi partagées que mal situées. De même, s’il est évidemment troublant, le nombre important des récentes condamnations à mort ne devrait ostraciser une RDC abolitionniste de facto qu’en cas d’exécution des sentences. La pilule qui ne passe pas est plutôt la situation des prisons congolaises…
Non seulement le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, considère que « les conditions de détention en République démocratique du Congo se sont détériorées », mais il évoquait, mardi 8 octobre, « des cas de torture et de violences sexuelles signalés dans les centres de détention gérés par les services de renseignement ». Or, plusieurs fois, l’État congolais a refusé aux représentants du Bureau des droits de l’homme de l’ONU l’accès à certains centres pénitentiaires, comme la tristement célèbre prison de Makala.
La récente tentative d’évasion massive de la prison centrale de Kinshasa a révélé au grand jour l’ampleur surréaliste de la surpopulation carcérale, le taux de létalité de la répression et l’absence de contrôle des agressions sexuelles. Le Conseil des droits de l’homme ne dispose pas de pouvoirs juridiquement contraignants mais y participer permet de lustrer l’image internationale d’un pays. De plus, l’organisation influence parfois des procédures qui conduisent, en d’autres instances, à des poursuites, notamment pour crimes de guerre.
Si la RDC n’a pas été recalée comme l’Arabie saoudite, c’est peut-être parce qu’une organisation accueille parfois en son sein des pays jugés problématiques, dans l’espoir d’infléchir les politiques entreprises. Le gouvernement congolais considère d’ailleurs que le fait d’occuper ce siège devrait lui permettre d’améliorer la situation des droits humains dans le pays.
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