Madagascar: le pouvoir contre-attaque en destituant le maire de la capitale

Le maire d’Antananarivo Andry Rajoelina, engagé dans un bras de fer avec le régime malgache, a été destitué mardi par le ministère de l’Intérieur quelques heures après avoir déclaré à ses partisans qu’il annoncerait samedi son propre gouvernement.

Publié le 3 février 2009 Lecture : 2 minutes.

« Il y a eu un arrêté pris par le ministère de l’Intérieur qui remplace la direction de la capitale par une délégation spéciale », a annoncé le préfet d’Antananarivo, Edmond Rakatomavo, à la presse à la mairie.

« On a voulu notifier (la décision) au maire mais il n’était pas là. Il a fallu prendre une ordonnance pour que les membres de la délégation spéciale puissent entrer dans les bureaux », a ajouté M. Rakotomavo.

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Les raisons précises de cette décision n’ont pas été fournies par le préfet, qui a simplement mentionné « des manquements dans la conduite de la mission de la commune, par exemple en ce qui concerne la gestion des ordures ».

Le nouvel administrateur de la capitale, le « président de délégation spéciale », Guy Randrianarisoa, a déjà occupé les fonctions de secrétaire général de la mairie d’Antananarivo, puis été conseiller spécial de M. Rajoelina pendant les cinq mois ayant suivi son élection en décembre 2007.

« Moi je ne fais pas de politique. Je ne suis pas TIM (ndlr: le parti présidentiel), je ne suis rien du tout, j’ai été nommé simplement pour gérer », a-t-il déclaré à l’AFP.

Le maire devait réagir à cette décision lors d’une conférence de presse mardi en fin d’après-midi, a-t-on appris auprès de son entourage.

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Plus tôt, Andry Rajoelina avait annoncé à plusieurs milliers de ses partisans son intention de proclamer samedi la liste de son « gouvernement » de transition à Antananarivo.

« J’annoncerai le nouveau gouvernement samedi », a-t-il déclaré à quelques milliers de partisans réunis sur la place du 13 mai, lieu historique de la contestation politique malgache.

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Le maire s’est proclamé samedi à la tête des affaires du pays. Il a déposé lundi une demande officielle de destitution du président de la République Marc Ravalomanana qui avait réaffirmé samedi qu’il demeurait le chef de l’Etat.

Selon un observateur de la vie politique malgache, la destitution du maire signifie que le président Ravalomanana entend « reprendre les choses en main et qu’il se sent suffisamment fort pour cela ».

Les deux derniers rassemblements du maire, lundi et mardi, n’ont pas été aussi suivis que les précédents, laissant entrevoir un possible essoufflement du mouvement.

La semaine dernière, un important rassemblement à l’appel du maire contre le régime avait dégénéré en émeutes et pillages qui ont fait 68 morts dans le pays, selon la gendarmerie.

Andry « TGV », surnom donné par ses supporters pour son caractère fonceur, s’est fait le porte-voix des frustrations, notamment économiques, de nombreux Malgaches, durement touchés par la hausse des prix des denrées alimentaires.

Il a également porté sur la place publique le ressentiment d’une partie des Malgaches à l’encontre de M. Ravalomanana qui le décrivent comme coupé de la population et affairiste.

Le bras de fer entre les deux hommes s’est véritablement durci en décembre, à la suite de la fermeture de la télévision du maire par les autorités.

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