Etats-Unis: Eric Holder devient le premier Noir ministre de la Justice
Eric Holder est devenu le premier Noir à occuper le poste très sensible de ministre de la Justice des Etats-Unis, avec la tâche urgente de faire table rase des pratiques controversées de l’administration précédente, notamment en matière de lutte antiterroriste.
Les échéances vont se succéder très vite pour cet avocat de 58 ans, ancien de l’administration Clinton qui est attendu sur tous les fronts.
Plusieurs fois retardée, sa nomination a été confirmée par un Sénat convaincu après trois heures de débat, par 75 voix contre 21.
Diplômé de l’université de Columbia (New York), il était déjà le premier Noir à être devenu en 1993 procureur général de Washington, un des postes les plus cotés parmi les juristes américains.
Interrogé par l’AFP, le département de la Justice (DoJ) n’a pas précisé quand M. Holder devait prêter serment et prendre ses fonctions.
Les sénateurs républicains lui reprochaient, outre ses positions progressistes sur le port d’arme, le conseil qu’il avait prodigué à Bill Clinton à quelques jours de la fin de son dernier mandat de gracier l’homme d’affaires Mark Rich poursuivi pour évasion fiscale. L’affaire avait fait scandale à l’époque, et posait selon les républicains la question de son indépendance vis-à-vis de la Maison Blanche.
M. Holder a exprimé pendant son audition devant la commission sénatoriale des Affaires judiciaires, le 15 janvier, sa volonté de rupture avec l’administration sortante.
"J’utiliserai toutes les stratégies possibles pour faire échec à nos adversaires et je le ferai dans le respect de la lettre et de l’esprit de la Constitution", a-t-il promis.
Il a également assimilé la simulation de noyade, que l’administration Bush a reconnu avoir utilisée sur au moins trois prisonniers accusés de terrorisme, à de la "torture", une déclaration applaudie dans le camp démocrate parmi les défenseurs des droits de l’homme.
Mais c’est sur la délicate tâche de mettre fin au système Guantanamo, sa prison et ses procès d’exception, que M. Holder est le plus attendu à court terme.
L’équipe d’avocats du "bureau du conseil juridique", entité du ministère chargée de défendre le gouvernement devant les tribunaux, va devoir reprendre sous sa direction plusieurs affaires entamées par la précédente administration.
Environ 240 dossiers les attendent devant la cour fédérale de Washington où les détenus de Guantanamo demandent que l’administration américaine prouve que leur détention se justifie. Pendant la période de transition, les juges ont poursuivi leur travail face aux avocats du gouvernement Bush mais un certain flottement régnait ces dernières semaines.
Parallèlement, le ministre de la Justice doit coprésider avec Robert Gates, son homologue de la Défense, le groupe de travail chargé par Barack Obama de réexaminer la situation de chaque détenu.
De ce réexamen pourrait ressortir un groupe de détenus inédit: pas libérables car jugés trop dangereux mais impossibles à poursuivre en justice faute de preuve.
La question des fondements juridiques sur lesquels l’administration pourrait ou non s’appuyer pour détenir des hommes sans charges est aujourd’hui devant la Cour suprême, qui a laissé à M. Holder jusqu’au 23 mars pour prendre position.
Plus généralement, le nouveau ministre hérite d’un département en crise, après des scandales répétés qui ont conduit au départ de deux ministres de l’administration Bush.
En 2006, le limogeage de neuf procureurs généraux avait été considéré comme une purge politique. Plusieurs rapports ont également révélé des dérives politiques dans les pratiques de recrutement.
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