Kadhafi, « roi des rois traditionnels d’Afrique », élu à la tête de l’UA

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui entend désormais se faire appeler « roi des rois traditionnels d’Afrique », a été élu lundi à la tête de l’Union africaine (UA) pour un an, lors d’un sommet à Addis Abeba.

Publié le 2 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Bien que la volonté de M. Kadhafi d’instaurer un « gouvernement de l’Union » conduisant à des « Etats-Unis d’Afrique » effraie bon nombre de chefs d’Etat du continent, ceux-ci l’ont élu, essentiellement pour des questions d’équilibres régionaux.

Selon la règle de l’UA, la présidence revenait cette année à l’Afrique du Nord, après l’Afrique de l’Est. Et Mouammar Kadhafi était le seul dirigeant de sa région présent à Addis Abeba.

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Des pays avaient tenté en vain de promouvoir une présidence d’Afrique australe.

Plusieurs voix africaines se sont levées pour critiquer son élection, « un mauvais message » aux yeux de la Rencontre pour la paix et les droits de l’Homme (RPDH), une ONG congolaise pour laquelle Kadhafi « exerce un pouvoir autoritaire dans son pays ».

« L’Afrique a besoin d’un homme capable de régler ses problèmes avec pragmatisme (. . . ) ce qui intéresse Kadhafi, c’est le pouvoir », selon le président du Forum des organisations nationales des droits de l’Homme (Fonad) en Mauritanie, Sarr Mamadou.

« Il a une conception condamnable de la démocratie. Il estime qu’il faut écraser l’opposition », a renchéri l’opposant burkinabè Hermann Yaméogo.

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Pour le président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) Chrysogone Zougmoré, cette élection « peut l’aider à s’assagir ».

Selon des sources concordantes, le Guide de la Jamahiriya libyenne a déjà fait passer à ses pairs un message demandant à être désormais officiellement appelé « roi des rois traditionnels d’Afrique », après avoir été récemment « adoubé » par des chefs traditionnels en Libye.

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Il était d’ailleurs accompagné au sommet par sept « rois » en costume traditionnel chamarré parfois couvert de métal brillant.

Dans son discours d’adieu, son prédécesseur à la présidence de l’UA, le Tanzanien Jakaya Kikwete, a invité ses pairs à se consacrer davantage au développement économique « pour nous libérer de la honte qui est la nôtre d’être le continent le plus pauvre du monde ».

« Nous consacrons beaucoup trop de temps à régler les conflits ou les partages de pouvoir entre nos politiciens », a-t-il insisté.

Le thème officiel du sommet « développement des infrastructures » n’a été abordé que lundi après-midi.

Dimanche, les dirigeants africains ont débattu à huis clos pendant une dizaine d’heures uniquement sur le « gouvernement de l’Union » cher à M. Kadhafi.

Mais les dirigeants ont simplement convenu de changer le nom de la Commission, organe exécutif de l’UA, en l’appelant « autorité africaine ». Selon M. Kikwete, cela ouvre la voie à « une institution avec un mandat plus fort, de plus fortes capacités, qui nous dirige vers l’objectif du gouvernement de l’Union ».

Après son élection, Kadhafi a « espéré que son mandat (serait) un temps de travail sérieux et pas seulement de mots », insistant sur la nécessité « de pousser l’Afrique en avant vers les Etats-Unis d’Afrique ».

Pour Mohamed Ould Moloud, président de l’Union des forces patriotiques, un parti opposé au putsch du 6 août en Mauritanie, son élection « poussera vers l’unité de l’Afrique » et « donnera plus de force et d’autorité aux décisions de l’Union africaine ».

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a assisté à cette deuxième journée du sommet qui devrait s’achever mardi.

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