L’Union africaine fait bloc derrière le président soudanais

L’Union africaine (UA) a fait bloc derrière le président soudanais Omar el-Béchir sur le dossier de la Cour pénale internationale (CPI) lors de son 12e sommet ordinaire à Addis Abeba, en se prononçant contre l’émission d’un mandat d’arrêt le visant.

Publié le 2 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Réuni avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, le Conseil exécutif de l’UA, rassemblant les ministres des Affaires étrangères des 53 Etats membres, a adopté une "décision sur la demande par le procureur de la Cour pénale internationale d’un mandat d’arrêt" contre M. Béchir.

Dans ce texte soumis aux présidents, dont l’AFP a obtenu copie, l’UA "exprime sa profonde préoccupation" devant cette demande du procureur Luis Moreno-Ocampo, qui a accusé en juillet M. Béchir de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à une guerre civile.

la suite après cette publicité

Réitérant son "engagement indéfectible à lutter contre l’impunité", l’UA estime néanmoins "que compte tenu du caractère délicat des processus de paix en cours au Soudan, l’approbation de cette requête risque de compromettre sérieusement les efforts en cours".

Pour le conseiller diplomatique du président Béchir, Mustapha Osman Ismael, "l’UA a pris position en demandant auparavant un report (. . . ) Nous soutiendrons toute décision qui sera prise par l’UA. Comme elle a démontré un soutien solide au Soudan dans le passé, nous nous attendons une nouvelle fois à ce soutien".

Outre le cas soudanais, les dirigeants du continent ont le sentiment que seuls des Africains sont visés par la CPI.

"Ce qui émerge du débat que nous avons est qu’il y a un problème à ce que la CPI ne vise que des Africains", a expliqué à des journalistes le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, ajoutant: "vous voulez être juge d’accord, mais un juge doit être impartial (. . . ) La loi doit s’appliquer à tous et pas seulement aux faibles".

la suite après cette publicité

Qu’a-t-on "fait sur Gaza, sur l’Irak, au Kosovo, au Sri Lanka? (. . . ) Ce que nous refusons c’est le deux poids deux mesures", a insisté M. Ping.

Pour les Africains, selon lui, une solution serait effectivement "de juger nous-mêmes les criminels, c’est pourquoi nous avons décidé de mettre en place un panel de haut niveau pour nous y aider", un panel qui pourrait être dirigé par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki.

la suite après cette publicité

Un dossier emblématique est en cours, bloqué depuis plus de deux ans, celui de l’ancien président tchadien Hissène Habré détenu en attente d’un jugement au Sénégal.

Autre dossier lié à la justice internationale qui préoccupe l’UA, "l’utilisation abusive du principe de compétence universelle".

L’organisation rappelle que des négociations sont en cours avec l’Union européenne sur une demande de l’UA en juillet d’un "moratoire pour que tous les Etats membres de l’ONU suspendent l’exécution des mandats émis par des pays européens".

Dans ce contexte, l’UA "déplore qu’un mandat d’arrêt ait été émis contre Mme Rose Kabuye, chef du protocole du président de la république du Rwanda, créant ainsi une situation de tension entre l’UA et l’UE".

Sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré en 2006 par la France, Mme Kabuye a été interpellée le 9 novembre en Allemagne et transférée à Paris où elle a été mise en examen. Son interpellation avait déclenché une vague de manifestations au Rwanda.

Elle est soupçonnée d’être impliquée dans l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président rwandais de l’époque Juvénal Habyarimana, tué dans l’explosion avec l’équipage français.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires