Darfour: craintes de nouveaux combats après un mois de janvier meurtrier

Khartoum a demandé à la force mixte Onu-Union africaine au Darfour (Minuad) de se retirer d’un secteur clé de cette région de l’ouest soudanais en proie à la guerre civile, laissant craindre une nouvelle vague d’affrontements après un mois de janvier meurtrier.

Publié le 1 février 2009 Lecture : 2 minutes.

"Nous avons reçu une demande du gouvernement de quitter Mouhajiriya", a déclaré à l’AFP Josephine Guerrero, porte-parole de la Minuad. "La décision n’est toutefois pas définitive car des discussions sont en cours", a-t-elle précisé.

La ville de Mouhajiriya, située à quelque 80 kilomètres à l’est de Nyala, la métropole du Darfour-sud, a été le théâtre de violents combats depuis la mi-janvier.

la suite après cette publicité

Le Mouvement justice et égalité (JEM), le plus militarisé des mouvements rebelles, a d’abord ravi ce fief à la faction Minni Minnawi de l’Armée de libération du Soudan (SLA), seul groupe ayant signé l’accord de paix avec Khartoum et dont certains commandants ont rejoint le JEM ces derniers mois.

L’aviation et l’armée de terre soudanaises ont ensuite bombardé les positions du JEM, qui a répliqué.

"Les combats à Mouhajiriya ont fait 17 morts et 27 blessés, pour la plupart des civils", a affirmé à l’AFP un responsable de la force conjointe ONU-Union africaine au Darfour (Minuad).

"Il s’agit des combats les plus violents depuis la signature de l’accord de paix du Darfour", en 2006, a affirmé un autre responsable de la Minuad sous couvert d’anonymat. Des raids à Haskanita à l’automne 2007 avaient toutefois fait plus de victimes.

la suite après cette publicité

Les camps locaux des ONG Médecins Sans Frontières (MSF) et Solidarités –qui fournissent une aide d’urgence à des milliers de personnes– ont été détruits à la mi-janvier et le personnel international évacué.

Le JEM et l’armée soudanaise se sont aussi affrontés à une dizaine de kilomètres d’El-Facher, créant un mouvement de panique dans la capitale historique du Darfour.

la suite après cette publicité

Ces violences surviennent alors que la Cour pénale internationale (CPI) doit prochainement décider d’émettre ou non un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir –accusé de génocide et crime de guerre au Darfour–, et simultanément à des pourparlers en vue d’une conférence de paix au Qatar.

"C’est peut-être une anticipation de la conférence de Doha (Qatar). Le JEM dit depuis un certain temps: +nous sommes la seule force sur le terrain au Darfour, nous sommes les seuls à nous battre, nous voulons être les seuls à négocier+", a expliqué à l’AFP Alex De Waal, un analyste.

"Ils (les rebelles du JEM) veulent probablement augmenter leur influence politique en cas de négociations de paix", a ajouté Fouad Hikmat, analyste à l’International Crisis Group.

La rébellion du Darfour, relativement soudée au début du conflit en 2003 malgré des différences idéologiques et tribales, s’est scindée en une myriade de factions, les plus importantes étant le JEM, le SLA-Unité, le SLA-Minnawi et le SLA d’Abdel Wahid Mohammed Nour, qui vit en exil à Paris.

Le négociateur en chef de l’ONU/Union Africaine au Darfour, le Burkinabè Djibril Bassolé, a appelé dimanche les groupes armés du Darfour "à travailler ensemble pour créer les conditions de la paix".

La guerre civile au Darfour a fait 300. 000 morts selon l’ONU, seulement 10. 000 selon Khartoum. Le conflit a aussi forcé le déplacement de 2,7 millions de personnes.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires