La crise alimentaire mondiale a revalorisé le riz de la vallée

« Quand le riz va, tout va » dit-on dans le delta du fleuve Sénégal. Or la riziculture s’y porte mieux depuis un an, dans un contexte de crise alimentaire qui incite le Sénégal à valoriser sa production locale.

Publié le 1 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Entre Ross Béthio et Mboundom (nord-ouest), les bovins qui s’abreuvent au marigot et les rares singes cachés au bord de la piste voient passer de plus en plus de carrioles chargées de paille et de camions débordants de sacs de riz.

Dans le fracas d’une petite machine à moteur artisanale, Pape Alioune Seck, absorbé par le battage de sa récolte, laisse sa veste en jean se couvrir de poussière de paille.

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"Depuis deux ans, les Sénégalais redécouvrent le riz de la vallée", assure ce cultivateur de 32 ans dont "toute la famille fait du riz" sur 35 hectares.

Son grand pays ouest-africain, habitué à cuisiner quotidiennement du riz brisé asiatique depuis la colonisation, importe traditionnellement les trois quarts de ce qu’il consomme, de Thaïlande ou plus récemment d’Inde.

"A présent, il y a des efforts du gouvernement, notamment pour subventionner à 50% le sac d’urée (engrais), constate M. Seck. Et nos revenus s’améliorent +un peu, un peu+. . . "

Autour de lui, des saisonniers s’affairent, payés "1. 500 francs CFA (2,2 euros) la journée". Et derrière la machine de battage, des glaneuses récupèrent soigneusement quelques kilos de riz paddy (non décortiqué) qu’elles iront revendre au marché.

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La production reste peu mécanisée, la piste est impraticable pendant la saison des pluies et certains engrais sont difficiles à trouver. . . Mais M. Seck croit en "un bon avenir pour le riz d’ici", d’autant plus que des dizaines de milliers d’hectares restent inexploités.

A Ross Béthio, l’ONG Oxfam finance un Programme d’appui aux initiatives du Nord (Pinord), pour "contribuer à la sécurité alimentaire" par la "promotion du riz local". "Jusqu’à la crise alimentaire mondiale, les riziculteurs sénégalais tapaient du point sur la table, sans succès, pour faire diminuer les importations de riz d’Asie", explique le responsable du Pinord, Djibril Diao.

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"Mais le niveau de consommation des Sénégalais, avoisinant les 700. 000 tonnes, et le problème mondial d’accès au riz asiatique ont finalement obligé à mettre l’accent sur la production locale".

Pour Ibrahima Ly, également responsable du Pinord, "Ce n’est pas la Grande offensive pour l?agriculture et l?abondance (Goana), lancée en avril 2008 par le président Abdoulaye Wade, qui a relancé la riziculture : ce sont les riziculteurs eux-mêmes !"

"L’Etat a augmenté d’une dizaine de milliers d’hectares les surfaces cultivables, assuré la subvention de l’urée, et on a vu arriver des motopompes et des tracteurs", concède M. Ly. "Mais ces petits tracteurs, inadaptés aux sols très lourds, se cassaient rapidement. Et le matériel a été distribué prioritairement à des gens du parti au pouvoir", accuse-t-il.

A quelques kilomètres de là, des milliers de sacs de riz blanc sortent chaque jour de l’unité de décorticage du GIE Delta Linguère.

Son directeur adjoint, Arona Diakhate, assure que l’entreprise traite deux fois plus de riz qu’en 2006 à la même période. Mais il ne peut que déplorer "la vétusté" de son usine vieillissante, rachetée en 2006 à un Luxembourgeois. Tout l’équipement –des décortiqueuses à rouleaux aux blanchisseuses à cylindres– "date de 1968".

"L’Etat a mis des moyens pour augmenter la production, conclut-il, mais il nous faut aussi moderniser la transformation".

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