Le maire de la capitale se voit à la tête d’une « transition démocratique »
Le maire de la capitale malgache Andry Rajoelina, engagé dans un bras de fer avec le président Marc Ravalomanana, entend prendre la tête d’une « transition démocratique » dans la Grande Ile, afin d’organiser de nouvelles élections d’ici deux ans après des émeutes qui ont fait des dizaines de victimes.
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Au moins 68 personnes sont mortes à Madagascar depuis lundi lors d’émeutes et de pillages provoquées par le bras de fer entre les deux leaders politiques, dont les rapports sont tendus depuis 2007.
"Je veux être à la tête de cette transition. C’est le souhait de la population. Il faut du sang neuf, une nouvelle vision", a déclaré le maire d’Antananarivo, 34 ans, lors d’un entretien avec plusieurs journalistes à son domicile.
"Beaucoup de gens rêvent aujourd’hui, essaient de trouver d’autres solutions. La population voit l’avenir en un jeune en qui ils ont confiance, et pas avec d’autres personnes. (Ce jeune) il s’appelle +Andry TGV+ bien évidemment", a assuré le maire, surnommé affectueusement TGV (Train à grande vitesse) par ses partisans pour son caractère fonceur.
De fait, à peine connu il y a un peu plus d’un an lorsqu’il se lance à la conquête de la mairie qu’il ravit en décembre 2007 à la majorité présidentielle, dès le premier tour, le jeune homme s’est rapidement imposé comme le principal opposant au régime du président Ravalomanana.
Doué d’un flair politique certain, le maire frondeur est parvenu à cristalliser les frustrations des Malgaches, notamment sur la cherté de la vie et des restrictions de la liberté de parole, tout en profitant d’une opposition traditionnelle en partie décrédibilisée aux yeux de la population.
Pour autant, s’il est, semble-t-il, convaincu de la dimension historique de son destin, le maire assure ne pas avoir d’ambition présidentielle, en tout cas pas dans l’immédiat.
"Ce gouvernement de transition doit servir d’abord à faire régner la démocratie à Madagascar", explique-t-il, confortablement installé dans un canapé de sa maison cossue, située dans un complexe résidentiel bien gardé sur l’une des collines de la ville.
Outre qu’il devra assurer le respect des libertés individuelles, ce gouvernement aura selon lui pour mission de mener le pays aux élections présidentielles, "que nous allons organiser dans deux ans maximum".
"Je ne serai pas candidat", affirme toutefois M. Rajoelina, également homme d’affaires à la tête de deux sociétés spécialisées dans l’affichage publicitaire.
"Je suis encore jeune. J’ai encore 25 ans de carrière politique (devant moi). Je ne suis pas du tout pressé même si on m’appelle TGV", explique-t-il.
"Je voudrais être le père de la démocratie à Madagascar (. . . ) Pourquoi les gens descendent toujours dans la rue pour prendre le pouvoir ? Parce que les candidats ou partis politiques ne peuvent pas espérer, avec le gouvernement en place, prendre le pouvoir via une passation démocratique", poursuit-il.
Interrogé sur le rôle que pourrait jouer l’actuel président malgache dans une telle transition, "Andry TGV" n’a pas souhaité se prononcer, se contentant d’un évasif: "l’histoire nous le dira".
Il s’est toutefois dit prêt à rencontrer le chef de l’Etat pour discuter d’une sortie de crise: "mais dialoguer, cela veut dire accepter la revendication de la population qui réclame un gouvernement de transition".
"Si notre rencontre mène vers le chemin de la transition, je suis prêt (à le rencontrer) à tout moment", a assuré le maire qui a de nouveau appelé ses partisans à un grand rassemblement samedi, place du 13 mai, un haut lieu de la contestation malgache. Avant d’ajouter: "je vais aller jusqu’au bout".
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