68 morts en 4 jours, appel à une journée « ville morte » dans la capitale

Commerces fermés, grand marché désert: Antananarivo présentait un visage inhabituellement calme après l’appel à une journée « ville morte » lancé mercredi par le maire de la capitale de Madagascar, où les émeutes ont fait au moins 68 morts depuis lundi.

Le cercueil d’un jeune, tué lors des émeutes à Madagascar, est exposé lors rassemblement

Le cercueil d’un jeune, tué lors des émeutes à Madagascar, est exposé lors rassemblement

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Quelques petites échoppes de quartiers étaient ouvertes, mais la majorité des magasins sont restés fermés jeudi matin, a constaté un correspondant de l’AFP. Le grand marché hebdomadaire du jeudi près du stade, d’ordinaire extrêmement animé, était déserté.

La majorité des écoles étaient également fermées, comme les jours précédents, en raison de craintes de nouvelles violences provoquées par le bras de fer entre le maire et le président Marc Ravalomanana. Dans les administrations, beaucoup de fonctionnaires étaient absents.

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"On n’a pas reçu de consignes de venir ou de ne pas venir", a expliqué sous couvert d’anonymat un agent du ministère de l’Education, selon qui certains de ses collègues sont restés à la maison par peur de débordements.

En revanche, les transports en commun circulaient, ainsi que de nombreuses voitures particulières. Les guichets des banques étaient également ouverts, tout comme la poste.

Le maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, a appelé la population de la ville à observer une journée "ville morte" jeudi pour que le gouvernement arrête les meurtriers d’un adolescent tué par balle lundi lors d’émeutes en marge d’un rassemblement appelé par le maire contre le régime.

Pour les partisans du maire, cet adolescent – tué devant la télévision privée du chef de l’Etat lors de sa mise à sac par des émeutiers et première victime recensée des violences – est devenu un symbole.

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Le maire a affirmé mercredi avoir fixé un "ultimatum de 24 heures au gouvernement pour qu’"il condamne aux travaux forcés celui qui a donné l’ordre et celui qui a exécuté" la victime.

Emeutes et pillages ont fait au moins 68 morts dans le pays depuis lundi, selon un bilan établi mercredi par la gendarmerie malgache.

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Le secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la francophonie Alain Joyandet a fait état de "plus de 80 morts en quelques jours", sur la chaîne de télévision française LCI.

Selon un responsable de la gendarmerie s’exprimant sous couvert d’anonymat, la majorité des victimes est morte lundi et dans la nuit de lundi à mardi. Selon son décompte, dans la capitale, 42 personnes ont péri, dont 30 dans l’incendie d’un centre d’achats dont la toiture s’est effondrée sur des pillards.

Mercredi soir, M. Ravalomanana a indiqué dans un communiqué qu’il n’entamera "aucune poursuite suite à la destruction et le pillage de tous les (magasins) Magro", qui lui appartiennent, "car il comprend que le peuple malagasy est pauvre et a faim".

Dans la ville de Toliara (sud-ouest), les forces de l’odre ont recensé 16 morts, dont 11 victimes d’une "électrocution", selon cette source qui n’a pas fourni de précision sur les causes de cette électrocution.

M. Rajoelina a des rapports tendus avec le régime depuis son élection à la mairie en décembre 2007 comme candidat indépendant face au candidat du parti présidentiel.

Le bras de fer s’est nettement durci avec la fermeture par le gouvernement le 13 décembre de sa télévision, Viva, qui avait diffusé une interview de l’ex-président en exil Didier Ratsiraka.

Vendredi, le maire a qualifié le régime de "dictature" et a appelé à des rassemblements quasi-quotidiens dans la capitale.

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