Manifestation dans le calme, le président accuse le maire

Le président malgache Marc Ravalomanana a accusé le maire d’Antananarivo d’être « l’initiateur des troubles » qui ont fait au moins 68 morts depuis lundi dans la capitale où des milliers de partisans d’Andry Rajoelina se sont rassemblés hier dans le calme.

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Au moins 68 personnes sont morts depuis lundi à Antananarivo à la suite des pillages et émeutes dans la ville en marge d’un grand rassemblement organisé par le maire de la capitale et dirigé contre le président.

Vingt-cinq d’entre elles ont péri brûlées dans l’incendie d’une galerie marchande du centre-ville.

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"C’était lui (le maire) le leader, l’initiateur de ces troubles", a déclaré à l’AFP M. Ravalomanana, qui a visité les locaux de la radio nationale malgache, incendiés par des émeutiers lundi.

Interrogé sur l’absence d’intervention des forces de l’ordre lundi contre les émeutiers et pillards, M. Ravalomanana a répondu: "c’est moi qui ai donné l’ordre aux militaires de ne pas intervenir. Il faut bien gérer la crise, sinon cela aurait été un bain de sang".

A la mi-journée, une foule d’environ 10. 000 personnes s’est réunie sur la place du 13 mai, haut lieu de la contestation malgache en plein coeur de la capitale.

Arborant la couleur orange du mouvement lancé par le maire, devenu le principal opposant au régime, la foule a observé une minute de silence à la mémoire d’un adolescent tué par balle lundi, a constaté un journaliste de l’AFP.

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Après s’être recueilli devant la dépouille de l’adolescent, le maire a affirmé à la foule lancer "un ultimatum à l’Etat pour que d’ici demain (jeudi) il condamne aux travaux forcés celui qui a donné l’ordre et celui qui a exécuté" la victime.

"Demain (jeudi), nous allons attendre chez nous pour voir si la demande a été acceptée", a ajouté le maire, selon qui "dans l’attente de la réponse de l’Etat, on va faire d’Antananarivo une ville morte: pas d’école, bureaux et magasins fermés".

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"Samedi, on sera tous ici, sur la Place du 13 mai", a-t-il affirmé, sans faire mention de rassemblement vendredi, avant que la foule ne disperse dans le calme.

Mardi, M. Rajoelina, surnommé "TGV" pour son caractère fonceur, avait annoncé la suspension du mouvement.

L’adjoint du maire, Andriamahazo Nirhy-Lanto, a déclaré à l’AFP qu’il n’y avait pour le moment pas de discussions directes avec M. Ravalomanana, estimant que ce dernier était "désavoué nationalement".

Des pillages ont été signalé à Mahajanga (côte ouest) et Toamasina (ex-Tamatave, côte est).

Après un premier entretien télépohonique mardi soir avec le président et le maire, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner s’est entretenu mercredi à nouveau avec les deux hommes pour "trouver une issue pacifique et durable à la crise", selon Paris.

M. Rajoelina entretient des rapports tendus avec le régime de M. Ravalomanana depuis son élection à la mairie en décembre 2007 comme candidat indépendant.

Le bras de fer s’est nettement durci depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de la télévision privée du maire, Viva, après la diffusion par cette chaîne d’une interview de l’ex-président en exil Didier Ratsiraka.

"TGV" fustige aussi l’absence de liberté d’expression et de démocratie dans la Grande Ile et la "spoliation" des terres malgaches dans un colossal projet agricole mené par le Sud-Coréen Daewoo.

L’opposition a aussi dénoncé les accords avantageux accordés récemment par le gouvernement à des sociétés étrangères, notamment dans le secteur minier.

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