« Sénégal 2050 » : un agenda pour plus d’années de vie et de revenus

À quelques semaines des élections législatives qui lui donneront ou non les coudées franches, le gouvernement sénégalais vient de présenter un plan pour les cinq prochaines années. Inscrit dans une stratégie à vingt-cinq ans, le programme allie jargon politicien et promesses chiffrées.

 © Damien Glez

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Publié le 15 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

Les perspectives présentées, ce 14 octobre, par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko doivent-elles être vues comme une nouvelle déclaration de politique générale, six mois et onze jours après l’accession au pouvoir du duo sénégalais, ou comme un package de promesses électorales, à un mois des législatives anticipées du 17 novembre ? La dissolution de l’Assemblée faisant le larron, les chantres de la rupture espèrent donner un nouveau souffle à leur serment d’un Sénégal nouveau.

Les termes, les écueils et les priorités du programme se déclinent chacun en deux axes. Si la stratégie à vingt-cinq ans du plan « Sénégal 2050 : agenda national de transformation » permet aux plus ironiques de supputer une ambition de se maintenir plus que durablement au pouvoir, un plan quinquennal conduit peu ou prou à la fin du (premier) mandat présidentiel de Faye.

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Côté écueil, les deux « boulets » de l’État seraient la dépendance à l’égard de l’extérieur et le poids de la dette, de quoi esquisser un souverainisme mâtiné d’orthodoxie. Côté « priorités des priorités », la jeunesse des soutiens de Faye et Sonko inspire un appui important aux questions d’éducation et la bonne gouvernance promise implique un plan de lutte drastique contre la corruption.

Tacles aux prédécesseurs

La notion de « perspective » s’appuyant censément sur celle de « bilan », le président de la République n’a pas manqué de tacler ses devanciers jugés responsables d’une situation aux indicateurs laborieux : l’indice sénégalais de développement humain stagne parmi les 25 plus faibles au monde, la pauvreté toucherait quatre Sénégalais sur dix, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie estimait le taux de chômage en hausse à 21,6 % au deuxième trimestre 2024 et le Fonds monétaire international (FMI) prédit une croissance ralentie.

Et le duo du régime sénégalais de mettre à l’index des choix généralement discutables et souvent imposés qui ont eu pour conséquences une mauvaise valorisation des ressources naturelles, un secteur privé en deçà de ses capacités, une industrie sous-dimensionnée, une gouvernance « plombée », des comptes publics dans un état plus « catastrophique » qu’imaginé et, finalement, le fantasme mortifère de l’expatriation clandestine sur des pirogues de fortune.

Du jargon et des chiffres

Le volontarisme politicien ne consiste-t-il pas toujours à enfoncer des portes ouvertes verbalement par d’autres, quand il évoque « une vision pour un Sénégal qui n’aspire pas seulement à participer au monde de demain, mais à y jouer un rôle majeur », une transformation en profondeur de l’État, une glorification du capital humain national ou un changement systémique dans le sens de la souveraineté, de la justice et de la prospérité ?

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Plus concrètes sont l’évocation de la valorisation des industries extractives – quand on sait que débute à peine l’exploitation du pétrole et du gaz –, la présentation de huit grands pôles territoriaux à faire émerger avec les énergies renouvelables du solaire et de l’éolien, la promotion d’un système national d’assurance maladie ou la mise en place d’une identité numérique fiable pour tous.

Plus prosaïques encore sont deux promesses chiffrées qui parlent aux oreilles du Sénégalais lambda. Primo, en cinq ans, « l’espérance de vie à la naissance augmentera au moins de trois ans » pour dépasser les 70 ans. Secundo, en revenu national brut annuel rapporté au nombre d’habitants, « le revenu moyen du Sénégalais devra augmenter de 1 660 dollars à 2 468 dollars », soit « une augmentation de près de 50 %. »

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