Climat à l’apaisement au lendemain des émeutes
Suspension des manifestations contre le régime, appel du chef de l’Etat à « discuter »: le climat était à l’apaisement mardi à Madagascar au lendemain d’un rassemblement organisé par le maire d’Antananarivo qui a dégénéré en émeutes et pillages dans la capitale.
Le maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, devenu le principal opposant du président malgache, a annoncé mardi matin qu’il "suspendait" avec effet immédiat les manifestations contre le régime.
"On suspend le mouvement aujourd’hui (mardi). Tout le monde reste à la maison", a déclaré le maire, qui s’exprimait en langue malgache à la radio privée Radio Antsiva. "Il n’y a pas de discussions ou dialogue aujourd’hui. Il faut d’abord juger le militaire qui a tué un de mes partisans", a-t-il ajouté.
De son côté, le chef de l’Etat Marc Ravalomanana, qui avait écourté dimanche un voyage à l’étranger pour "sauvegarder la République", a appelé au dialogue pour régler la crise. "J’appelle les gens au calme. Il faut mettre de côté toute fierté, tout ego. Il faut discuter", a déclaré le chef de l’Etat, également en malgache et sur la même radio. "Il y a déjà des rapprochements", a ajouté M. Ravalomanana, sans autre précision sur la nature de ces "rapprochements".
Mardi matin, la radio du maire "Viva" a repris ses émissions interrompues la veille pour des raisons inconnues.
Dans le centre-ville de la capitale, la situation était relativement calme à la mi-journée: quelques grappes de partisans du maire, reconnaissables à leur couleur orange, étaient visibles à certains carrefours proches de la place du 13 mai, ainsi qu’un groupe de policiers. C’est sur cette place, haut lieu de la contestation malgache, que s’étaient à nouveau réunies lundi matin plusieurs dizaines de milliers de personnes, à l’appel de M. Rajoelina, surnommé "TGV" pour son caractère fonceur.
Ce dernier dénonce depuis vendredi "une dictature" à Madagascar et avait lancé un mot d’ordre de grève générale pour lundi, avant d’appeler à une nouvelle manifestation mardi matin. Le rassemblement a dégénéré en émeutes au cours desquelles au moins deux civils ont été tués.
"Le bilan en détail n’est pas encore disponible. Mais on a déploré deux morts civils hier lors des échauffourées à MBS", la chaîne de télévision privée du président malgache, a déclaré mardi le général Lucien Emmanuel Raharijaona, responsable des forces de l’ordre du pays.
Deux centrales d’achat appartenant au groupe agro-alimentaire Tiko de M. Ravalomanana, ainsi que les locaux de sa télévision privée MBS, avaient été pillés et saccagés. Des supermarchés avoisinants avaient également été pillés. Les manifestants s’en étaient d’abord pris aux locaux de la radio nationale malgache, au centre-ville, qu’ils ont saccagés et partiellement incendiés.
La France, dont Madagascar est une ancienne colonie, a exhorté lundi au respect de "l’ordre constitutionnel" tandis que l’Union africaine a assuré mardi "suivre de près" la situation "préoccupante" à Madagascar.
Jeune entrepreneur, le maire entretient des rapports tendus avec le régime depuis son élection en indépendant à la mairie en décembre 2007.
Le bras de fer s’est envenimé depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de la télévision privée Viva, propriété du maire, qui avait diffusé une interview de l’ex-président Didier Ratsiraka. Président de Madagascar pendant 25 ans, Ratsiraka est exilé en France depuis 2002, après une grave et sanglante crise politique qui avait vu l’accession au pouvoir de Ravalomanana, réélu en décembre 2006.
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