Le rapatriement volontaire ou la guerre pour des miliciens rwandais?

Depuis six mois, ils attendaient de savoir s’ils pourraient un jour rentrer au Rwanda. Ces miliciens hutus rwandais se demandent maintenant s’ils seront la cible de l’offensive rwando-congolaise en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Près de 187 membres d’une faction dissidente des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) vivent à Kasiki, petit village de la province du Nord-Kivu, à la limite des territoires de Lubero et Walikale.

En juillet 2008, ils annonçaient déposer les armes "pour entamer un processus de paix visant au rapatriement volontaire", rappelle leur chef, le colonel Sabin Gaheza, dont l’attitude autoritaire traduit la formation de soldat.

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Ces 80 combattants et leurs familles vivent depuis, apparemment sans arme, dans des cabanes faites de bâches de plastique bleu données par une organisation caritative locale.

Un détachement des FARDC (armée congolaise) les protège, pour prévenir une attaque d’un groupe FDLR voisin, mais également pour les surveiller et éviter qu’ils ne soient recrutés par un autre groupe, selon un officier congolais. Une vingtaine de rebelles en tenues dépareillées conservent néanmoins leur kalachnikov et surveillent une barrière à l’entrée de Kasiki.

Les paysans les désignent sous le terme de "Rudi", du nom de l’organisation à laquelle appartiennent ces rebelles en rupture de ban: le Ralliement pour l’unité et la démocratie-Rassemblement du peuple rwandais.

Organisation politico-militaire, le RUD a été créé en 2006 par des dissidents des FDLR. "Il regroupe toutes les ethnies rwandaises et a pour objectif notre retour dans la dignité au Rwanda", proclame son porte-parole, le colonel Jean-Michel Afrika. Considéré comme plus modéré que les FDLR, le RUD compte près de 400 combattants, selon la Mission de l’ONU en RDC (Monuc). Leur quartier général est basé à Mashuta, dans les montagnes de Walikale.

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Ses membres étaient notamment présents sur l’axe routier Kiwanja-Ishasha (100 km au nord de Goma), d’où ils se sont retirés sans combattre en fin de semaine face à l’avancée des troupes congolaises et rwandaises qui vise les FDLR.

Alors que ces troupes progressent vers les sanctuaires des rebelles hutus, "nous sommes dans le doute", résume le colonel Afrika, assis sur une chaise de jardin en plastique, une famille de poussins picorant à ses pieds.

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"Nous n’avons eu aucune garantie, ni de Kinshasa, ni de Kigali, que nous ne serons pas attaqués", explique ce quadragénaire à la chemise de marque impeccable. "L’objectif de cette offensive est de nous anéantir", assène-t-il. "Il s’agit d’exterminer nos gens dans les forêts, pas de les désarmer", renchérit le colonel Gaheza, qui estime que "Kigali manipule une nouvelle fois les Congolais".

Que feront les "Rudi" en cas d’attaque de leur camp? Pas question de reprendre les armes, affirme M. Afrika. "Si les FARDC ne sont pas en mesure de nous protéger, alors nous n’aurons pas d’autre choix que de fuir comme des civils, dans la forêt". Avec le soutien de la Monuc, des éléments du RUD mènent depuis vendredi, et pour une semaine, une "visite exploratoire" au Rwanda, en perspective d’un éventuel rapatriement.

Plus de 6. 000 combattants rwandais sont rentrés volontairement dans leur pays depuis le lancement en 2002 par l’ONU d’un programme de désarmement et rapatriement.

"Nous avons désarmé volontairement, mais malheureusement les autorités rwandaises ne nous offrent toujours pas les garanties nécessaires à notre retour", assure le colonel Afrika, qui attend "l’aide de la communauté internationale". "Nous restons des opposants", ajoute-t-il, en demandant l’ouverture d’un "dialogue politique avec le Rwanda".

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