Premier procès CPI: Lubanga accusé d’avoir enrôlé des centaines d’enfants

Le procureur Luis Moreno-Ocampo a accusé le chef de milice congolais Thomas Lubanga d’avoir « utilisé des centaines de jeunes enfants pour qu’ils tuent, pillent et violent », à l’ouverture du premier procès, pour crimes de guerre, devant la Cour pénale internationale (CPI).

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Thomas Lubanga, 48 ans, est jugé pour l’utilisation d’enfants soldats en République démocratique du Congo (RDC), près de sept ans après la création de la CPI, premier tribunal international permanent chargé de juger les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocides.

"La milice de Lubanga a recruté, formé et utilisé des centaines de jeunes enfants pour qu’ils tuent, pillent et violent", a déclaré le procureur argentin Luis Moreno-Ocampo.

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"Les enfants continuent de souffrir des conséquences des crimes de Lubanga. Ils ne peuvent pas oublier ce qu’ils ont enduré, ce qu’ils ont vu. Ils avaient 9, 11, 13 ans", a-t-il affirmé. Aujourd’hui, beacuoup d’entre eux se droguent ou se prostituent pour survivre après avoir été rejetés par leur famille, a-t-il souligné.

Thomas Lubanga est accusé d’enrôlement et de conscription d’enfants de moins de quinze ans, et de les avoir fait combattre dans l’aile militaire de sa milice, l’Union des patriotes congolais (UPC) lors de la guerre civile en Ituri (est de la RDC), entre septembre 2002 et août 2003.

Son avocate, Me Catherine Mabille, du barreau de Paris, a annoncé lundi matin qu’il plaidait non coupable.

"La milice de Lubanga était une armée d’enfants", a insisté le procureur. Environ 30% de ses troupes, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), étaient des "kadogo", un mot swahili signifiant "les petits", utilisé par le FPLC pour parler des enfants soldats, selon lui.

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Le magistrat a présenté plusieurs vidéos montrant l’accusé entouré de jeunes combattants en uniforme et portant des fusils. Il a évoqué les remords d’un témoin, forcé de battre à mort des enfants de son âge qui avaient tenté de s’enfuir d’un camp d’entraînement.

Les jeunes filles étaient particulièrement éprouvées. "Elles devaient porter une arme, servir le repas à un commandant puis, d’un moment à l’autre, le commandant les violait. Il les tuait si elles refusaient d’être violées", a affirmé M. Moreno-Ocampo.

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Ces "crimes de masse" ont fait "des centaines ou des milliers de victimes" et "affecté une génération entière", a assuré le procureur en annonçant qu’il allait requérir une "punition proche du maximum" de trente ans.

Selon les ONG, les affrontements en Ituri entre des milices soutenues par les ethnies Hema (proche de l’UPC) et Lendu, pour le contrôle notamment de mines d’or, ont fait 60. 000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis 1999.

"Thomas Lubanga savait que ces crimes étaient commis, il avait le contrôle de ses troupes, donnait les ordres et supervisait le recrutement des enfants soldats dans sa milice", a affirmé la procureur adjointe Fatou Bensouda.

L’accusation compte appeler à la barre trente-quatre témoins, dont neuf enfants soldats et trois experts. La défense n’avait pas précisé lundi combien de témoins elle comptait présenter à décharge.

Le procès, présidé par le Britannique Adrian Fulford, est prévu pour durer six à neuf mois.

Thomas Lubanga a été reconnu "indigent" par la CPI, qui paie sa défense. Il est détenu au centre pénitentiaire de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye, avec trois autres suspects de la CPI.

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