Madagascar: la contestation menée par le maire de la capitale tourne à l’émeute

Le maire d’Antananarivo Andry Rajoelina, qui s’est érigé en principal opposant au président malgache, a durci son bras de fer avec le pouvoir lundi, lors d’un rassemblement dans la capitale de milliers de ses partisans qui a tourné à l’émeute.

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Les locaux de la radio nationale malgache (RNM), situés dans le centre d’Antananarivo, ont été saccagés et étaient en feu à la mi-journée, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les émeutiers faisaient partie de dizaines de milliers de personnes qui s’étaient rassemblées dans la matinée sur la place du 13 mai, haut lieu de la contestation malgache, à l’appel de M. Rajoelina qui dénonce depuis vendredi « une dictature » à Madagascar et avait appelé à la grève générale pour ce lundi.

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Des barrages routiers ont été érigés par des partisans du maire dans d’autres quartiers de la ville, paralysant la circulation.

Lundi, M. Rajoelina, surnommé « TGV » (Train à Grande Vitesse) pour son caractère fonceur, a renouvelé ses virulentes critiques contre le président Marc Ravalomanana malgré les mises en garde du régime, et a appelé à une nouvelle manifestation pour mardi.

« Le pouvoir appartient au peuple, il peut se l’accaparer. A chaque heure qui passe, le pouvoir prouve la dictature » a lancé le maire de 34 ans, perché sur un camion face à la foule.

« Partout dans le monde, aucune force militaire n’a réussi à vaincre la force de la population. C’est pour ça que nous allons continuer même s’ils font venir des mercenaires étrangers (. . . ) pour éliminer le maire », a-t-il lancé en parlant de lui à la 3e personne.

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« Il y a beaucoup trop de prisonniers politiques et quand je serai au pouvoir, ils seront tous libérés, sauf les assassins », a-t-il dit.

M. Rajoelina, jeune entrepreneur, entretient des rapports tendus avec le régime de M. Ravalomanana depuis son élection à la mairie en décembre 2007 comme candidat indépendant.

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La mairie d’Antananarivo est un poste clé de la vie politique malgache. Elle avait servi de tremplin à M. Ravalomanana, élu maire en novembre 1999 à l’issue d’une campagne spectaculaire.

Le bras de fer s’est fortement durci depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de sa télévision privée Viva, après la diffusion par cette chaîne d’une interview de l’ex-président Didier Ratsiraka.

Président de Madagascar pendant 25 ans, ce dernier vit en exil en France depuis 2002, à l’issue d’une grave et sanglante crise politique qui avait vu l’accession au pouvoir de M. Ravalomanana, réélu en décembre 2006.

La radio Viva, appartenant également au maire, avait cessé d’émettre lundi.

Ecourtant un voyage à l’étranger, M. Ravalomanana est rentré dimanche à Antananarivo, déclarant vouloir « rétablir l’ordre » et « sauvegarder la République ».

« L’appel à la révolte et à la désobéissance civile » lancé par le maire « correspond à un coup d’Etat » et « foule au pied les valeurs de la Constitution », a-t-il dit dans un communiqué.

Si l’élément déclencheur de la contestation a été la fermeture de la télévision Viva, « TGV » fustige aussi l’absence de liberté d’expression et de démocratie dans la Grande Ile et la « spoliation » des terres malgaches dans un colossal projet agricole mené par le Sud-Coréen Daewoo.

L’opposition a aussi dénoncé les accords avantageux accordés récemment par le gouvernement à des sociétés étrangères, notamment dans le secteur minier, alors que le pays est toujours plongé dans une grande pauvreté.

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