« Tous les indicateurs [étaient] au vert », répond Macky Sall à ses détracteurs
L’ancien président du Sénégal est pour la première fois monté au créneau pour réfuter les chiffres de l’audit des finances publiques avancés par la nouvelle administration d’Ousmane Sonko.
Dans une interview accordée à Bloomberg TV, le 14 octobre, Macky Sall a rejeté en bloc les conclusions du désormais fameux audit des finances publiques mené par le gouvernement d’Ousmane Sonko. « J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert, a affirmé l’ancien président sénégalais. Les résultats des investissements de mon administration sont si clairement visibles qu’il ne devrait même pas y avoir de débat. » C’est la première fois que Macky Sall s’exprimait sur cette polémique qui n’en finit pas d’enfler au pays de la Teranga.
Le 26 septembre, Ousmane Sonko et Abdourahmane Sarr, son ministre de l’Économie, dévoilaient les grandes lignes de l’audit des finances publiques, lancé par les nouvelles autorités peu après l’élection présidentielle de mars dernier. Selon ses conclusions, le déficit budgétaire et la dette publique annoncés par la précédente administration avaient été largement sous-estimés. Le Premier ministre sénégalais a même accusé l’ancien président Macky Sall d’avoir volontairement « falsifié » les chiffres.
« Risque très élevé »
Selon l’audit, sur la période 2019-2023, le déficit budgétaire moyen ne serait pas de 5,5 %, comme indiqué, mais de 10,4 %. Et la dette publique, prévue à 76,3 % du PIB, serait en fait de 83,7 %. Conséquence, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note souveraine du Sénégal, qui passe de Ba3 à B1. Dakar affiche désormais un profil de crédit jugé « spéculatif » qui présente un « risque très élevé » pour les investisseurs.
« Je regrette les remarques du Premier ministre qui sont totalement fausses et qui ont conduit à une dégradation de la notation du Sénégal », a déclaré Macky Sall. Alors que la nouvelle administration n’a de cesse de dénoncer l’endettement effréné qui avait cours sous la précédente, l’ancien président rend coup pour coup, mettant en avant les nombreuses infrastructures construites ces dernières dix années : TER, BRT (Bus Rapid Transit), plus de 3 328 km de routes, doublement de la puissance électrique installée… « Nous ne devons pas nous mettre dans la tête que nous pouvons nous développer sans dette, ce n’est pas possible, a encore estimé l’ancien président. Il ne faut pas confondre, emprunter pour financer le développement et parler de surendettement. »
L’audit encore sujet à caution
Malgré les discours, le Sénégal de Bassirou Diomaye Faye a également eu recours au marché obligataire international en juin dernier pour un montant de 750 millions de dollars. Une première depuis 2021 pour le Sénégal. « C’est l’un des eurobonds les plus chers de l’histoire du Sénégal », rappelle à Jeune Afrique l’économiste Thierno Thioune, directeur du Centre de recherches économiques appliquées (Crea)
Le désendettement de l’État est un axe majeur de la « Vision Sénégal 2050 », dévoilée le 14 octobre par le duo Faye-Sonko. Cette stratégie nationale de développement ambitionne de ramener la dette nationale de 83,7 % du PIB en 2023 à 70 % en 2029, et le déficit budgétaire à 3 %.
L’audit des finances publiques reste toujours sujet à caution. Il doit être validé la Cour des comptes et est en cours d’analyse par le Fonds monétaire international (FMI). Mais nul doute que la polémique sera au cœur de la campagne pour les législatives du 17 novembre.
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