Kadhafi évoque la nationalisation des sociétés pétrolières si le brut stagne
Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a laissé entendre que son pays devrait procéder à une nationalisation des compagnies pétrolières étrangères opérant en Libye si le prix du brut ne remontait pas à 100 dollars le baril, a rapporté l’agence libyenne Jana.
"Il y a des appels à la nationalisation de l’industrie du pétrole et de gaz. Nous souhaitons que cela ne se produise pas. Nous espérons que le prix du pétrole augmente (jusqu’à) un niveau raisonnable", a déclaré le colonel Kadhafi lors d’un dîner vendredi soir à Tripoli en l’honneur du roi d’Espagne Juan Carlos.
"J’espère que le prix du pétrole augmentera pour ne pas être obligé d’adopter une telle politique", a-t-il fait valoir.
M. Kadhafi faisait référence aux appels à la nationalisation lancés tout au long de la semaine par des médias officiels. Ceux-ci ont invité les congrès populaires, plus haute autorité législative du pays, à décider de la nationalisation des compagnies pétrolières au cours de leurs réunions prévues dans les prochains jours.
Officiellement, le Guide de la révolution libyenne ne dispose lui d’aucune légitimité et n’est pas habileté à prendre de décisions.
"Un prix qui se stabiliserait autour de 100 dollars (. . . ) est le prix raisonnable visé", a encore indiqué le numéro un libyen, estimant qu’un des moyens pour parvenir à un tel niveau était de "contrôler l’industrie du pétrole sans participation étrangère".
Jugeant que la nationalisation était "un droit légitime", Mouammar Kadhafi a toutefois tenté de rassurer les sociétés pétrolières installées en Libye, affirmant qu’une telle décision ne serait pas prise subitement.
"Dans le passé, les décisions de nationalisation étaient prises unilatéralement et brusquement (. . . ). Mais aujourd’hui je ne pense pas que les organes exécutifs (libyens) prendraient subitement de telles décisions".
"Il doit y avoir un compromis avec le partenaire étranger", a-t-il ajouté.
Les appels à la nationalisation ont suscité la crainte des compagnies pétrolières, alors que des observateurs estiment qu’il s’agit d’un moyen de pression sur ces sociétés pour qu’elles acceptent des parts de production moins importantes.
"Je sais que ces appels ont gêné les dirigeants des sociétés (. . . ) La preuve c’est qu’un bon nombre de directeurs de compagnies espagnoles opérant en Libye accompagnent sa majesté", le roi d’Espagne, a souligné le numéro un libyen.
A l’arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi en 1969, les compagnies pétrolières, majoritairement américaines, extrayaient du sol libyen plus de deux millions de barils par jour (mbj). Mais, très vite, le numéro un libyen avait nationalisé le pétrole et créé la Compagnie nationale du pétrole (NOC), qui a constitué des joint-ventures avec des compagnies étrangères.
Après 20 ans de mise à l’écart, la Libye a vu récemment affluer toutes les compagnies pétrolières occidentales avides de brut, qui s’affrontent dans des enchères.
Tripoli, qui produit près de 1,7 mbj, souhaite "rétablir l’équilibre des cours de pétrole", qui ont perdu plus de 100 dollars depuis juillet, quand ils avaient atteint des sommets, au-dessus de 147 dollars le baril.
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