Au Liberia, une invasion de chenilles légionnaires paralyse l’agriculture
Habituellement John Wenopolu cultive ses champs à proximité de la localité de Shankpalai située au centre du Liberia, mais cette semaine, une armée de chenilles légionnaires, qui dévore toute la végétation sur son passage, l’empêche de travailler.
« Je me retrouve assis ici en ville, sans rien faire, alors que c’est la saison agricole. Et quand il commencera à pleuvoir, nous ne pourrons plus faire aucun travail », se lamente ce fermier de 38 ans, en regardant pensivement la route menant à sa ferme.
Il y a deux semaines, des centaines de milliers de chenilles légionnaires ont commencé à envahir une vingtaine de villes et de villages, au centre de ce pays d’Afrique de l’Ouest, dévorant des cultures et obligeant des habitants à abandonner leur maison.
« Ma maison est au bord de la ville, proche de la brousse », raconte ainsi Bintu Jabateh à Shankpalai. « Mon mari et moi étions dans la chambre la nuit où les chenilles ont envahi la maison. Nous avons dû quitter les lieux et chercher refuge dans le centre de la ville ».
L’invasion continuait de s’étendre en milieu de semaine, les autorités assurant que les insectes étaient désormais « des millions ». Et ces derniers jours, des chenilles légionnaires ont traversé la frontière vers la Guinée voisine, y suscitant de nouvelles inquiétudes.
De couleur noir et jaune, longs d’environ 5 centimètres, ces insectes « mangent chaque type de végétation qu’ils rencontrent. Parce qu’ils se déplacent en groupes, les scientifiques se réfèrent à eux comme des légionnaires », explique Gregory Tarplah, un entomologiste du ministère libérien de l’Agriculture.
Ces chenilles « s’accrochent dans les arbres et quand vous passez, elles tombent sur vous et vous mordent », affirme le fermier John Wenopolu.
Pour les chasser de leur localité, des habitants ont essayé de mettre le feu aux arbres où les chenilles se cachaient: en vain. « Quand le feu s’éteint, les insectes reviennent, même plus nombreux qu’auparavant », assure un villageois, Patrick Flomo.
Les autorités locales demandent qu’une action soit menée, faute de quoi les populations risquent de souffrir de la faim dans le district libérien de Zota, dont fait partie une majorité des villages touchés par cette invasion.
Le gouvernement libérien a lui réclamé de l’aide à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), selon le ministre de l’Agriculture Christophe Toe.
Les autorités ont certes envoyé dans les zones touchées des équipes pour répandre des produits insecticides sur les arbres où les chenilles s’abritent durant la journée. Mais leur matériel ne leur permet pas de vaporiser à plus de 2 mètres de hauteur, alors que les insectes montent bien au-dessus dans les arbres.
« Ce sont des mesures seulement à court terme. Pour nous assurer que ces insectes sont totalement éliminés, nous devrions répandre de l’insecticide sur tout le secteur », estime M. Toe, venu à Shankpalai pour prendre la mesure du problème.
« Nous devons contrôler très étroitement la situation parce que cela peut devenir un problème pour le secteur de l’agriculture », prévient le coordinateur des opérations d’urgence de la FAO au Liberia, Tim Vaessen.
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