Au Kenya, le vice-président destitué à l’issue d’une procédure historique

William Ruto a nommé le ministre de l’Intérieur, Kiture Kidiki, au poste de vice-président.

Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, avant le vote sur sa motion de destitution au Parlement de Nairobi, le 8 octobre 2024. © REUTERS/Thomas Mukoya

Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, avant le vote sur sa motion de destitution au Parlement de Nairobi, le 8 octobre 2024. © REUTERS/Thomas Mukoya

Publié le 18 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

« Le Sénat a décidé de démettre de ses fonctions, par destitution, Son Excellence Rigathi Gachagua », selon les mots du président de la chambre haute Amason Kingi, prononcés ce 17 octobre à l’issue de plusieurs jours d’audiences. Il « cesse d’exercer ses fonctions ».

Réputation sulfureuse

Rigathi Gachagua, 59 ans, hospitalisé au moment du vote, devient le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d’une telle procédure, prévue par la Constitution de 2010. Près d’une semaine après l’adoption, par une écrasante majorité, de la motion de destitution par l’Assemblée nationale, le Sénat l’a jugé coupable de « violation grave » de la Constitution, notamment de menaces envers les juges et de pratiques politiques de division ethnique.

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William Ruto avait choisi Gachagua comme colistier pour la présidentielle de 2022, malgré sa réputation déjà sulfureuse, marquée par plusieurs accusations de corruption. Doté d’un solide réseau d’influence, notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, cet ancien homme d’affaires de l’ethnie majoritaire kikuyu a joué un rôle crucial dans la victoire de Ruto face à son rival Raila Odinga (50,49 % contre 48,85 %).

Mais les relations entre les deux hommes à la tête de l’État se sont détériorées notamment depuis un mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet.

Le vice-président, qui a qualifié les accusations de « pure propagande » et de « complot visant à (le) chasser du pouvoir en raison d’autres considérations politiques », était présent à l’ouverture des audiences le 16 octobre, mais n’est pas revenu après la pause déjeuner. Quelques heures avant le vote de la chambre haute et alors qu’il devait se défendre face aux sénateurs, un de ses avocats a annoncé qu’il était tombé malade et avait été hospitalisé.

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Les détracteurs du vice-président l’accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l’État face aux manifestations qui demandaient sa démission.  Le mouvement s’est essoufflé mais le ressentiment est toujours présent, et la crise actuelle au sommet de l’État est, pour de nombreux Kényans, un nouveau signe de déconnexion de la classe politique.

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« Cartouche usagée »

William Ruto est resté silencieux sur l’affaire, mais la motion de destitution a été déposée par un membre de la coalition présidentielle, Kenya Kwanza. Rigathi Gachagua avait lui-même affirmé que la procédure « ne peut pas » avoir été lancée sans l’accord du chef de l’État, estimant avoir été mis de côté par le gouvernement. « Je suis désormais considéré comme une cartouche usagée. Ils veulent m’écarter et nommer quelqu’un d’autre, au mépris de la volonté des Kényans », avait-il annoncé la semaine dernière.

Willima Ruto a 14 jours pour nommer son successeur.

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(Avec AFP)

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