L’opération rwando-congolaise continue, près de 4.000 soldats déployés

Au moins 3. 500 soldats rwandais avancent en deux colonnes dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) au troisième jour d’une opération sans précédent menée conjointement avec l’armée congolaise pour traquer les rebelles hutu rwandais.

Publié le 20 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

L’entrée de troupes de rwandaises a suscité inquiétude et réprobation parmi les Congolais, éprouvés par les précédentes interventions de Kigali (1996-97 et 1998-2002) en appui à des rébellions congolaises hostiles aux régimes en place à l’époque à Kinshasa.

"Selon nos observations, entre 3. 500 et 4. 000 soldats rwandais se trouvent actuellement au Nord-Kivu", province de l’est congolais limitrophe du Rwanda, a dit à l’AFP le porte-parole militaire de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc), le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.

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Cet imposant contingent rwandais, qui a commencé à entrer mardi en RDC, est scindé en deux colonnes principales, selon la Monuc: l’une de 1. 500 soldats fait route plein ouest vers le territoire de Masisi, et l’autre de plus de 2. 000 hommes se dirige vers le territoire de Rutshuru, au nord de Goma.

Ces territoires abritent des fiefs des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont certains ont participé au génocide de 1994 dans leur pays avant de s’implanter dans l’est de la RDC. Estimés à environ 6. 000, les FDLR, considérés comme une des causes de l’instabilité régionale chronique, sont visés par l’opération lancée mardi sur la base d’un plan militaire conclu le 5 décembre par Kigali et Kinshasa.

Les FDLR ont affirmé mercredi que 6. 000 soldats rwandais étaient aussi entrés dans la province du Sud-Kivu, voisine du Nord-Kivu, mais cela n’était pas vérifiable de source indépendante.

Le porte-parole militaire de Kigali, le major Jill Rutaremara, a assuré à l’AFP que l’opération se déroulait "sous le haut commandement" de l’armée congolaise, à laquelle les troupes rwandaises, dont il n’a pas précisé le nombre, entendent uniquement "prêter main forte".

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Des camions transportant des militaires congolais ont franchi mercredi la barrière de Munigi, à 6 km au nord Goma, en direction de Rutshuru, à une centaine de kilomètres plus au nord, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les Forces armées de la RDC (FARDC) ont ainsi affirmé avoir repris Rumangabo et Kiwanja, au nord de Goma. Ce sont deux localités stratégiques occupées depuis fin octobre par la rébellion congolaise de Laurent Nkunda, qui est en pleine scission.

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Les FARDC, qui contrôlent la barrière de Munigi, interdisaient l’accès à cette zone au nord de Goma aux véhicules de la Monuc et de la presse, et n’ont laissé passer mercredi que des ONG.

Après avoir dénoncé ces difficultés d’accès, la Monuc a précisé mercredi qu’elle conservait partout ailleurs sa liberté de mouvement.

Aucun affrontement n’a été signalé mercredi.

"Nous n’avons pas encore été attaqués. Mais ça peut changer à tout moment. Ces milliers de soldats de l’armée rwandaise ne sont pas venus en promenade; ils sont venus faire la guerre", a déclaré à l’AFP le président des FDLR Ignace Murwanashyaka.

"Nous nous défendrons si nous sommes attaqués", a-t-il ajouté, assurant que les rebelles rwandais y étaient "préparés".

L’armée congolaise a néanmoins appelé les FDLR à "saisir cette opportunité de déposer les armes".

Les réactions d’inquiétude parmi les Congolais face au retour des soldats rwandais étaient vives.

Le Phare, quotidien kinois d’opposition, titrait ainsi: "Rwanda: safari en RDCongo".

"Si ce que j’apprends est vrai, c’est tout simplement grave", a estimé le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, de la majorité présidentielle, s’inquiétant de "l’état d’esprit des populations congolaises qui viennent à peine de sortir du traumatisme rwandais" provoqué par la succession de rébellions soutenues par Kigali.

La Monuc a réaffirmé qu’elle était "autorisée à ouvrir le feu" en cas de menace sur les civils.

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