Attentat de Djerba : le sort de Ganczarski dépend de quelques mots au téléphone

Le sort de Christian Ganczarski, Allemand converti à l’islam jugé à Paris pour complicité dans l’attentat contre la synagogue de Djerba en 2002, va dépendre de l’interprétation, complexe et controversée, de quelques mots en anglais et arabe dans une écoute téléphonique.

Publié le 21 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Quatre heures avant de se faire sauter au volant de son camion piégé, le kamikaze tunisien Nizar Nawar appelle en Allemagne son ami Ganczarski, "admirateur des talibans", rencontré lors de séjours en Afghanistan, dans les maisons d’hôtes où ils ont croisé des chefs d’Al Qaïda.

Selon l’ex-juge d’instruction antiterroriste Jean-Louis Bruguière et l’accusation, les 112 secondes de leur conversation, enregistrée par les services de renseignements allemands qui se méfiaient du converti et l’avait placé sur écoutes, ont constitué un feu vert pour passer à l’action et tuer 21 personnes.

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Mais pour la défense, qui s’appuie sur les traductions de leur échange qui ont été examinées mercredi par la cour d’assises spéciale de Paris, il ne s’est agi que d’un bref échange entre amis, émaillé de formules religieuses et de politesse qui sont des phrases passe-partout et rien d’autre.

Pour les sept juges professionnels, comprendre le sens de ce bref dialogue, d’une mauvaise qualité sonore, allusif, prononcé en mauvais anglais émaillé de formules religieuses en arabe, par des interlocuteurs qui parlent en même temps et ne finissent pas leurs phrases n’est pas chose facile.

D’autant que trois traductions différentes en ont été faites, d’abord en allemand par la police allemande puis en français, qui diffèrent les unes des autres.

Le coeur du dialogue, et donc du procès en complicité d’assassinats, est la demande, par le jeune kamikaze, à Christian Ganczarski de "ne pas l’oublier dans la prière".

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Cela signifie-t-il que l’Allemand est au courant du projet d’attentat et donne le signal ou est-ce une formule innocente entre coreligionnaires ?

Pour tenter d’y voir plus clair, le président Yves Jacob a appelé à la barre des témoins Fati Franck Mates, professeur d’arabe à l’université de Hambourg et traducteur de l’une des versions.

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Mais il s’est bien gardé de se prononcer. "Il y a des phrases qui, en arabe, indiquent que cela peut être un adieu. . . Mais on ne peut l’assurer" a-t-il dit, par l’intermédiaire d’un interprète.

"Tout ce que je peux dire, c’est que, celui qui appelle a un projet, et que l’autre lui souhaite bonne chance. C’est tout".

Si ce "projet" n’est à aucun moment précisé, assure l’accusation, c’est que les deux hommes se sont mis d’accord sur l’attentat lors de leur dernière rencontre et ne parlent que par allusion, Ganczarski se sachant surveillé.

Alors que pour la défense, lorsque Nizar Nawar demande une "prière", cela n’a rien à voir avec une "bénédiction" et l’interlocuteur du kamikaze ne peut en rien se douter de ce qu’il s’apprête à commettre.

A la question d’un enquêteur allemand qui lui avait demandé si la conversation comportait un ordre, une instruction quelconque de faire quelque chose, M. Mates avait répondu : "Non, il n’y a pas d’indication verbale, directe ou indirecte".

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