Entrée des troupes rwandaises en RDC: vive inquiétude des Congolais

Des Congolais expriment leur vive inquiétude et leur réprobation au lendemain de l’entrée de soldats rwandais dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) où ils sont venus traquer, avec l’armée congolaise, les rebelles hutu rwandais.

Publié le 20 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

L’opération lancée mardi rappelle de mauvais souvenirs, l’armée de Kigali étant déjà intervenue à deux reprises dans l’est de la RDC (1996-97 et 1998-2002), en appui à des rebelles congolais opposés aux régimes en place à l’époque à Kinshasa.

"Ma crainte est que les soldats rwandais ne profitent de cette opération pour piller nos richesses et tuer des innocents, comme ils l’ont fait pendant l’occupation de notre pays au moment de la rébellion" à partir de 1998, explique Michel, fonctionnaire. "Au début, on nous a parlé d’officiers de renseignement rwandais qui devaient suivre l’opération. Maintenant c’est l’armée rwandaise qui rentre carrément dans notre pays. "

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Plusieurs centaines de soldats rwandais sont entrés mardi au Nord-Kivu, province congolaise limitrophe du Rwanda, pour participer avec l’armée de la RDC à une opération contre les rebelles hutu rwandais dont la présence dans l’est congolais, depuis le génocide rwandais de 1994, est un facteur d’instabilité pour la région.

Une femme d’affaires, Marie-Jeanne, s’interroge: "Pourquoi les autorités ont-elles fait appel encore au Rwanda qui est à la base de la situation que nous connaissons au Kivu? Ont-elles déjà oublié les massacres et viols commis par les soldats rwandais sur le sol congolais?"

Soupçonnée d’ourdir une partition de l’ex-Zaïre, la communauté internationale est également montrée du doigt.

"Nous assistons à l’application de la balkanisation de la RDC préconisée par des pays occidentaux comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France. Mais ils n’arriveront pas à nous séparer. Les Congolais sont très jaloux de leur unité", affirme ainsi Moïse, étudiant en droit à l’Université de Kinshasa.

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L’opération suscite aussi l’incompréhension dans la classe politique et les critiques fusent jusque dans les rangs de la majorité présidentielle.

Le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe a qualifié de "grave" l’entrée de soldats rwandais en RDC, évoquant "l’état d’esprit des populations congolaises qui viennent à peine de sortir du traumatisme rwandais" provoqué par les conflits des 13 dernières années.

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"L’initiative prise par le gouvernement sans en référer à d’autres institutions telles l’Assemblée nationale risque de provoquer l’éclatement de la majorité au Parlement", renchérit le député Louis-Ernest Kiaviro, élu au Nord-Kivu (est). "Il faut très rapidement prendre des mesures pour protéger la population civile et tracer le cadre juridique légal de cette opération", insiste ce membre de la majorité.

Les communautés locales du Nord-Kivu vont plus loin en dénonçant, dans un communiqué, "le caractère illégal et inconstitutionnel de l’opération, engagée par des personnes non habilitées" et ne figurant selon elles dans aucun des textes signés.

Les communautés "se réservent le droit d’user de tous les moyens à leur disposition pour faire échec à ce plan diabolique", réclamant le "retour sans délai" de l’armée rwandaise "chez elle".

Préalable à cette opération, Kinshasa et Kigali ont signé le 5 décembre un plan militaire pour le désarmement des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont certains ont participé au génocide de 1994.

La nouvelle inquiète d’autant plus qu’une lueur d’espoir venait d’apparaître dans l’est de la RDC, où une faction dissidente de la rébellion congolaise a décidé de cesser une guerre qui a jeté plus de 250. 000 personnes sur les routes ces derniers mois.

Pour le quotidien Le Potentiel, Kinshasa est ainsi "piégé" par cette nouvelle guerre, "comme si jamais les armes ne devaient se taire au Kivu, empêchant les populations locales de vivre en paix".

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