Le nouveau gouvernement hérite d’une situation économique délicate

Le Ghana, souvent cité comme modèle en Afrique, se trouve dans une situation économique délicate selon la nouvelle équipe arrivée au pouvoir après la présidentielle de décembre 2008, une analyse partagée par la Banque mondiale qui a récemment fait part de ses inquiétudes.

Publié le 21 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

« En un mot, le gouvernement du Ghana est +à sec+ », a estimé ce week-end l’équipe mise en place par le nouveau chef d’Etat John Atta-Mills, chargée d’assurer la transition avec l’administration sortante de John Kufuor (2000-2008).

« Le gouvernement a dépassé de 697,1% son déficit budgétaire prévu en 2008 », a-t-elle relevé dans un communiqué. Ce déficit représente 13,42% du PIB, le ratio « le plus élevé depuis 10 ans », a-t-elle poursuivi.

la suite après cette publicité

Le jour de la prestation de serment de John Atta-Mills, le 7 janvier, la représentation de la Banque mondiale au Ghana a estimé que l’équipe entrante héritait d’une situation « malheureusement très inquiétante ».

Dans son rapport sur le pays, l’institution financière juge que le déficit fiscal et celui de la balance des payements ne sont pas viables vu l’état des marchés financiers internationaux.

« Dans le passé, le déficit fiscal a été financé par les revenus tirés de la privatisation d’actifs appartenant à l’Etat (. . . ) tandis que le déficit des comptes courants était financé par des réserves étrangères, mais ces sources ne sont plus disponibles », relève la BM.

La nouvelle administration, issue de l’opposition, a accusé le gouvernement Kufuor d’avoir engagé des « dépenses imprudentes durant l’année électorale » dans la nation ouest-africaine de 23,5 millions d’habitants.

la suite après cette publicité

Elle cite notamment l’organisation en 2008 de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui, selon elle, ne se serait pas traduite par le retour sur investissement escompté.

Autre raison avancée par les nouveaux maîtres du pays: le déclin des investissements dans le secteur manufacturier.

la suite après cette publicité

Le constat de la Banque mondiale est accablant: le Nouveau parti patriotique (NPP) de John Kufuor a laissé le pays dans un état pire que lorsqu’il est arrivé au pouvoir il y a huit ans.

Un verdict rejeté par l’équipe Kufuor. Celle-ci a admis que le gouvernement avait géré un budget déficitaire ces dernières années mais a récusé le chiffre de 13,42% avancé.

Depuis des années, le Ghana est cité par la communauté internationale comme un modèle en Afrique pour ses progrès en matière d’économie et de démocratie et John Kufuor a régulièrement été félicité pour ces avancées.

Pour le professeur de sciences politiques à l’Université du Ghana (Accra), Kwesi Jonah, ces révélations sur la santé économique du pays ne sont « absolument pas surprenantes » car des signes avaient montré cette tendance début 2008.

Rappelant que John Atta-Mills avait remporté la présidentielle de justesse, avec moins d’un demi point d’avance, M. Jonah estime que l’équipe entrante ne pourra pas tenir ses promesses électorales compte tenu de la situation économique.

« Cela ne sera pas une situation facile. La nouvelle équipe devrait vite arrêter de célébrer (la victoire) et faire face à la réalité », conseille-t-il.

Le nouveau vice-président, John Dramani Mahama, a de ce point de vu déclaré que « la stabilisation de l’économie serait le plus grand défi ».

Déjà grand producteur de cacao (numéro 2 mondial) et d’or, le Ghana, qui a découvert en 2007 du pétrole au large de ses côtes, devrait commencer à produire du brut en quantité industrielle en 2010.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires