Au Mali, les autorités à l’assaut des aphrodisiaques
Le Laboratoire national malien de la santé vient d’interdire les produits aphrodisiaques étiquetés « 100 % naturel », dont les effets secondaires peuvent être fatals.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.
Il est des nuits torrides dont le tarif est un accident cardiovasculaire. Au Mali, le Laboratoire national de la santé a découvert que certains aphrodisiaques vendus dans les rues maliennes contenaient du sildénafil et du tadalafil dans des proportions inconsidérées. Le surdosage détecté dans des analyses d’échantillons s’ajoutant à la tendance des amants à consommer plus que la dose prescrite, l’abus de ces composants vasodilatateurs de traitement des troubles de l’érection provoquerait parfois des AVC ou des infarctus.
Pour des motifs de santé publique, les autorités maliennes ont donc décidé d’interdire l’importation, la vente et la consommation des produits aphrodisiaques étiquetés « 100 % naturel », dont les composants sont mal régulés. Les sociologues mettent à l’index la pression viriliste exercée sur les hommes, en particulier au moment de l’engagement marital. Quand elle passe par la consommation de produits « médicamenteux », la quête de la performance sexuelle se révèle toxicomanie…
Le phénomène de distribution mal contrôlée de produits aphrodisiaques potentiellement dangereux n’est ni nouveau, ni spécifiquement malien. Depuis une dizaine d’années, les autorités congolaises ou ivoiriennes alertent sur la profusion de références comme « Cure dent gouro », « Bazooka » ou « Erect E-40 » qui s’exposent sur les marchés populaires mais aussi sur le net, sans régulation, en bouteille ou en sachet. Parfois, il s’agit de potions détournées de leur usage originel, charriant des effets secondaires qui peuvent se faire sentir à long terme. D’autre fois, il s’agit de placebos moins inoffensifs que prévu.
Les commerçants s’inquiètent
Il peut enfin s’agir de produits adaptés, mais conservés dans de très mauvaises conditions, souvent sous le soleil. De ce point de vue, la problématique des aphrodisiaques renvoie à la question plus globale des médicaments de rue. En avril dernier, l’Autorité ivoirienne de régulation pharmaceutique (AIRP) annonçait la suspension de la fabrication et de la commercialisation des deux stimulants sexuels « Attote » et « Paix Cognon-Mousso », pour dosage parfois 5 à 10 fois supérieur à la teneur réglementée.
Des commerçants de Bamako s’inquiètent de la mesure de leur Laboratoire national de la santé. Le caractère ambigu du qualificatif « 100% naturel » indiqué dans la mesure de restriction pourrait stigmatiser des pratiques ancestrales de gestion des plantes et des racines. Alors que l’idéologie ambiante de l’Alliance des États du Sahel (AES) promeut la valorisation des coutumes de la pharmacopée, des acteurs du secteur de la médecine traditionnelle appellent les autorités sanitaires maliennes à séparer le bon grain de l’ivraie, avant de déstabiliser le marché.
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