Côte d’Ivoire : la lutte fratricide du FPI déborde devant les tribunaux

Le bras de fer entre Pascal Affi N’Guessan et Pierre Dagbo Godé au sein du Front populaire ivoirien se déporte sur le terrain judiciaire. Où il est question de la stratégie du parti à l’égard du pouvoir, mais aussi des ambitions personnelles à un an de la présidentielle.

© Damien Glez

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Publié le 22 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

Si les parcours des formations politiques sont rarement de longs fleuves tranquilles, ils se transforment en torrents à mesure que les échéances électorales majeures pointent le bout de leur nez. En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle à venir en octobre 2025, nourrit de nombreuses guerres d’egos. À la gauche de l’échiquier politique, on pourrait penser que le Front populaire ivoirien (FPI) est habitué aux soubresauts. Le parti a connu la clandestinité, l’opposition, le pouvoir et les déchirements internes à l’issue de la crise postélectorale de 2010-2011.

Son fondateur Laurent Gbagbo a même connu le purgatoire de la Cour pénale internationale, avant de laisser le FPI à son ancien compagnon Pascal Affi N’Guessan pour créer le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI). Qui vainc par la justice vacille-t-il par la justice ? Si Pascal Affi Nguessan n’avait pas hésité à convoquer les juges pour faire invalider une candidature de Gbagbo en 2014, il se retrouve à son tour convoqué devant la justice.

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Élections internes et nationales

C’est ce 22 octobre que Pascal Affi N’Guessan, actuel président du FPI, devait répondre à une assignation au tribunal de première instance d’Abidjan, à la suite d’une saisine d’un des cadres du parti, l’avocat Pierre Dagbo Godé. L’objectif conjoncturel des frondeurs est l’annulation, ou la suspension, du congrès de la formation politique prévu les 8 et 9 novembre prochain.

L’arrière-plan de ce bras de fer doit se lire en trois dimensions. Primo, l’initiateur de la démarche judiciaire se verrait bien à la direction du FPI et le Congrès électif de Yamoussoukro ne lui semble pas se présenter sous les meilleurs auspices. Secundo, la rencontre de novembre ne doit pas désigner que le leader du parti, les responsables des sections des jeunes et des femmes et les membres du comité de contrôle. Il doit surtout choisir celui qui sera candidat à la présidentielle de 2025.

Avec ou sans le RHDP ?

Tertio, la guerre d’egos se déploie sur fond de désaccord stratégique à l’égard du régime. En Côte d’Ivoire, où toutes les combinaisons électoralistes ont été expérimentées entre le FPI, le RDR de Ouattara et le PDCI de Bédié, Affi N’Guessan avait été, au moment de la dégbagboïsation des instances, l’artisan du rapprochement avec les houphouëtistes. Or, c’est la rupture du partenariat entre le FPI et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) que conteste aujourd’hui Pierre Dagbo Godé. Une rupture entérinée au mois de septembre et que le plaignant juge « illégale » dans la forme. Un plaignant suspendu du FPI depuis le 20 octobre.

Les grandes manœuvres ont donc commencé pour 2025, alors que le PDCI a déjà mis sur orbite son leader Tidjane Thiam, qu’Alassane Ouattara n’a pas annoncé s’il souhaitait ou non briguer un quatrième mandat et que la validation de la candidature de Laurent Gbagbo est incertaine.

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