Sommet des Brics : quand Poutine tente une recette anti-Occident
C’est en Russie que se tient le sommet des Brics du 22 au 24 octobre. L’occasion pour l’hôte, Vladimir Poutine, de se poser en chef d’un monde anti-occidental, où l’Afrique entend aussi tirer son épingle du jeu.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.
Si la longueur de la vie dépend en partie de la consommation d’antioxydants, la survie politique de Vladimir Poutine dépend de discours anti-Occident. Devant les laudateurs qui glorifient le caractère censément universel de l’Organisation des Nations unies ou la dimension initialement dominante du forum économique du G7, le président de la Fédération de Russie brandit désormais les signes du gigantisme du groupe Brics, devenu Brics+.
Alors que les pays du regroupement alternatif représentent près de la moitié de la population mondiale, le maître du Kremlin s’appesantissait, lors d’une récente session du Forum des entreprises de l’organisation, sur le produit intérieur brut : « Le PIB commun des Brics dépasse celui du G7 », à plus de 60 000 milliards de dollars. Surtout, côté démonstration politique, le chef de l’État russe mise sur le sommet du groupe qui se tient d’ailleurs en Russie, à Kazan du 22 au 24 octobre.
Une vingtaine de dirigeants était annoncée, parmi lesquels des pointures de la géopolitique et de l’économie mondiales comme le Chinois Xi Jinping, l’Indien Narendra Modi, le Turc Recep Tayyip Erdogan ou encore le frais émoulu Iranien Masoud Pezeshkian. D’un point de vue purement conjoncturel, la rencontre tend à démontrer que l’offensive russe en Ukraine n’a pas totalement isolé la Fédération. Dans une perspective historique plus ample, s’esquisse la constitution progressive d’un contrepoids à l’ordre mondial, jusque-là dominé par l’Occident.
De nombreux pays africains candidats
C’est ainsi qu’au grand dam de certains membres originels friands d’entre-soi, les Brics – acronyme pour « Brazil-Russia-India-China-South Africa » – sont devenus les Brics+ avec l’intégration, en janvier, de l’Iran, de l’Égypte, de l’Éthiopie, des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite. D’autres pays comme la Turquie, l’Azerbaïdjan ou la Malaisie ont officiellement posé leur candidature, de même que de nombreux nouveaux pays africains, en particulier ceux qui constituent aujourd’hui l’arc d’influence de la Russie sur le continent.
En organisant son sommet 2023 au Cap, le groupe avait donné le ton… Les membres africains des Brics+ que sont l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Éthiopie peuvent revendiquer un poids conséquent en termes d’envergure économique. Dans cette logique, l’Algérie et le Nigeria sont bien placées derrière la porte d’entrée, même si Alger a été échaudée. D’autres misent sur la proximité politique voire idéologique avec Moscou, comme le Soudan, le Zimbabwe et, bien évidemment, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), déjà en coopération sécuritaire avec la Russie.
C’est ainsi que, ces dernières semaines, le Premier ministre burkinabè Apollinaire Kyelem de Tambèla et le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop ont exprimé leur intérêt pour l’entrée de leurs pays respectifs dans les Brics+. La présence à Kazan des dirigeants sud-africain Ramaphosa, égyptien al-Sissi mais aussi mauritanien Ghazouani, congolais Sassou Nguesso ou éthiopien Ahmed démontre aussi l’intérêt de l’organisation pour le continent, au-delà des pays déjà membres. Mais le groupe, s’il ne veut pas être qu’un « jouet » du Kremlin, doit mesurer les risques de la dilution et d’une croissance exponentielle du nombre de ses membres.
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