Mugabe menace de se retirer des pourparlers, l’opposition se concerte

Le président zimbabwéen Robert Mugabe a menacé de se retirer des pourparlers avec l’opposition à Harare si son rival Morgan Tsvangirai refuse un accord, l’opposition, elle, ayant décidé de se concerter avant la reprise de ces négociations cruciales pour le pays.

Publié le 18 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

"Soit (Tsvangirai) accepte, soit c’est la rupture", a déclaré M. Mugabe au journal pro-gouvernemental Sunday Mail. "Nous sommes déjà passés par des négociations et toutes les concessions qui devaient être faites l’ont été", a-t-il ajouté.

De nouveaux pourparlers doivent avoir lieu lundi à Harare, sous l’égide du président sud-africain Kgalema Motlanthe, afin de relancer l’application d’un accord sur le partage du pouvoir péniblement conclu après l’élection controversée de Mugabe en 2008.

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Rentré samedi au Zimbabwe après deux mois d’absence, M. Tsvangirai a déclaré qu’il espérait que la réunion apporterait "une solution à la crise", tout en soulignant que son parti "ne sera pas forcé à un accord qui ne correspond pas aux aspirations du peuple du Zimbabwe".

Dimanche, il a réuni son parti, le Mouvement démocratique pour le changement (MDC) à Harare. Le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, a déclaré que la direction du parti devait "adopter une position sur le processus de dialogue avant la rencontre de demain".

"Il doit y avoir une finalité au processus de dialogue, qu’il échoue ou qu’il réussisse. On ne peut pas continuer (indéfiniment) avec le dialogue", a déclaré M. Chamisa à l’AFP.

Dans son éditorial, le Sunday Mail a averti que M. Mugabe pourrait former un gouvernement uniquement avec son parti, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), si aucun accord n’était trouvé.

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La Communauté de développement d’Afrique australe, "la SADC doit se préparer à ce qu’un gouvernement soit formé sans le MDC. Le Zimbabwe ne peut pas rester dans les limbes éternellement", écrit le journal qui estime faute d’adhérer à un accord d’unité, le MDC "laisserait la ZANU-PF libre de former le nouveau gouvernement".

Le 15 septembre 2008, MM. Tsvangirai et Mugabe avaient conclu un accord censé mettre fin à la paralysie née de la victoire historique de l’opposition aux élections générales fin mars, et de la réélection controversée de M. Mugabe fin juin.

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Le texte prévoit un partage du pouvoir entre M. Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, qui conserve la présidence et M. Tsvangirai, 56 ans, qui devient Premier ministre. Cet accord est resté jusqu’à présent lettre morte.

Les leaders de la SADC ont sommé M. Tsvangirai en novembre de former un gouvernement d’union nationale avec M. Mugabe et de résoudre toutes les questions litigieuses une fois le gouvernement formé.

M. Mugabe a insisté pour que M. Tsvangirai se soumette à ces injonctions. "Si (les membres de l’opposition) estiment que certaines questions sont encore en suspens, ils peuvent les régler une fois au gouvernement", affirme-t-il dans le Sunday Mail.

Dimanche, le MDC a pourtant réitéré son exigence d’un règlement des questions en suspens, en particulier le problème de l’enlèvement présumé des opposants, au préalable à la formation d’un gouvernement d’union.

"Nous ne nous laisserons pas traiter comme des perdants ou des partenaires de second rang", a prévenu son porte-parole.

Depuis l’échec de la SADC en novembre 2008 à trouver une solution sur la crise zimbabwéenne, Tsvangirai a effectué de nombreux déplacements en vue d’obtenir un soutien international.

Son pays, où cinq millions de personnes dépendent d’une aide alimentaire, s’est enfoncé dans une crise plus profonde avec une épidémie meurtrière de choléra et une économie en déliquescence.

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