Le Mali reprend la main sur l’or d’AngloGold et Iamgold
Les autorités maliennes ont finalisé la nationalisation d’une mine d’or qui appartenait aux deux compagnies étrangères, l’une sud-africaine et l’autre canadienne. Une opération présentée comme une affirmation de souveraineté recouvrée sur les ressources naturelles.
La nationalisation de la mine d’or de Yatela (ouest du Mali) parachève de longues négociations, engagées avant l’accession des militaires au pouvoir. Bamako a finalisé le processus ce 23 octobre. Le Conseil des ministres présidé par Assimi Goïta a adopté un décret approuvant le contrat de cession à l’État des parts détenues, dans la coentreprise exploitante, par le sud-africain AngloGold Ashanti et le canadien Iamgold, à hauteur de 40 % chacun, indique le gouvernement dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. L’État détenait les 20 % restants.
Les activités de la mine ont été arrêtées en 2016 à cause de la baisse soudaine du cours de l’or, dit le communiqué. Mais « les réserves ne sont pas totalement épuisées ». En annonçant la cessation de la mine, qui produisait depuis 2001, AngloGold avait invoqué la baisse du cours de l’or, mais aussi la diminution des marges de profit et la sécurité des mineurs.
Convention de rétrocession
L’État et la société exploitante étaient déjà parvenus à un accord de cession en 2019. Le 17 octobre, l’État malien, AngloGold et Iamgold ont signé une convention de rétrocession « après une longue période de négociations », a rapporté la télévision d’État. Iamgold et AngloGold cèdent la mine « au franc symbolique », a déclaré le ministre de l’Économie, Alousséni Sanou, à l’occasion de la signature. L’État touche aussi 36 millions de dollars pour la fermeture et la réhabilitation, a-t-il ajouté. « Le contentieux fiscal a abouti à un règlement dans les cinq jours d’un montant de 2,5 milliards [de F CFA, soit 4,1 millions de dollars] qui vont revenir au Trésor », a-t-il précisé.
« La mine a un potentiel important », selon le ministre. Elle va être transférée à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (Sorem), entreprise d’État créée en 2022 par la junte pour que « l’or brille davantage pour tous les Maliens« .
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La télévision d’État a présenté la nationalisation comme un acte de souveraineté, dont les militaires ont fait un de leurs mantras en prenant les commandes du pays. Ils ont fait vœu d’assurer au Mali, un des premiers producteurs d’or en Afrique, une répartition plus équitable des revenus miniers, face aux groupes étrangers. Les milieux miniers ont fait état de fortes pressions exercées sur les opérateurs étrangers. La société australienne Firefinch a annoncé, en mai, transférer à la Sorem toutes ses parts dans la mine d’or de Morila pour 1 dollar, ainsi que tous ses titres miniers au Mali, également pour 1 dollar.
Cette décision de nationalisation intervient alors que l’État est parallèlement engagé dans un bras de fer avec l’entreprise Barrick Gold. Début octobre, l’agence Reuters a révélé que Bamako réclamait 500 millions de dollars de taxes et dividendes impayés au groupe canadien, opérateur de la mine de Loulo-Gounkoto, la plus grande du Mali avec 683 000 onces extraites l’an dernier.
(avec AFP)
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