Opération conjointe contre les rebelles ougandais sans grand résultat
Malgré les déclarations rassurantes de l’armée ougandaise, l’opération conjointe menée contre les rebelles de l’Armée du résistance du Seigneur (LRA) dans l’extrême nord-est de la RDC, n’a pas à ce jour donné les résultats escomptés, estiment des sources onusiennes.
Depuis la mi-décembre, les armées de la République démocratique du Congo (RDC), d’Ouganda et du Sud-Soudan pourchassent la guérilla ougandaise dans le parc national de la Garamba, le long de la frontière soudanaise.
"C’est un vrai succès", a réaffirmé le commandant ougandais de l’opération, le général de brigade Patrick Kankiriho, à sa base de Dungu.
Baptisée "Coup de tonnerre", cette offensive surprise avait débuté par une vague de bombardements aériens sur les principaux camps de la LRA. Le chef rebelle Joseph Kony est cependant parvenu à s’échapper. Et le groupe –estimé à 500 combattants– s’est depuis lors scindé en plusieurs colonnes.
Appuyée par ses hélicoptères de combat, l’armée ougandaise est déployée dans la Garamba, avec le soutien des forces congolaises, installées dans au moins trois grosses agglomérations, et des troupes du Sud-Soudan sur la frontière soudanaise.
La Mission de l’ONU en RDC (Monuc) "n’a pas été du tout impliquée", commente son porte-parole militaire. "Il était courageux de lancer une telle opération. Il reste cependant de nombreux obstacles pour atteindre les objectifs fixés", estime Jean-Paul Dietrich.
"Avec la destruction de leurs camps, les capacités logistiques de la LRA sont incontestablement réduites", constate un autre officier de la Monuc. Mais "le principal objectif de l’opération –liquider Kony– n’a pas été atteint", relève cette source.
"Le suivi au sol n’a pas été assez rapide", explique ce major des Casques bleus. "Les commandos ougandais ont pénétré dans les camps de la LRA près de 72 heures après les bombardements. Kony a eu largement le temps de fuir et de se réorganiser".
En massacrant plus de 500 personnes fin décembre dans une série de raids meurtriers sur trois localités autour de la Garamba, la "LRA a pris sa revanche", observe le même officier.
Elle "a voulu prouver sa force toujours intacte et sa capacité de représailles en frappant presque au même moment dans des villes éloignées de centaines de km".
"Les premiers bombardements comme la conduite de l’opération révèlent des carences dans la collecte du renseignement", juge un officier d’une armée occidentale. "Les Ougandais ne parviennent pas à anticiper les mouvements" de la LRA.
Les rebelles opèrent désormais dans la brousse par petits groupes de 10 à 20 personnes, dans une zone d’opération qui s’étend sur près de 400 km de savane arborée et d’épaisses forêts.
"La zone dangereuse s’est élargie. La LRA s’est dispersée dans toute la région", constate un responsable d’une agence de l’ONU.
"On a cru que Kony était atteint, il semble au contraire renforcé", déplore une autre responsable onusienne.
Est-ce un échec? "Il est trop tôt pour conclure, l’opération se poursuit", juge un colonel du contingent bangladeshi.
"Coup de tonnerre" devait être achevée en un mois, selon plusieurs sources de l’ONU. Le problème de la présence prolongée de troupes ougandaises sur le sol congolais risque maintenant d’être posé.
La stratégie de l’état-major ougandais pourrait susciter d’autres polémiques. Ses commandants ont souhaité que les populations dispersées en brousse soient regroupées dans des zones sécurisées par l’armée, politique mise en oeuvre depuis plusieurs années dans le nord de l’Ouganda et très contestée pour ses conséquences humanitaires.
Avec ou sans l’accord de Kinshasa, les généraux ougandais pourraient également être tentés d’armer les milices d’auto-défense qui se constituent peu à peu dans toute la région pour faire face aux raids meurtriers de la LRA.
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