Recours de Zuma contre son inculpation pour corruption
Le chef du parti au pouvoir en Afrique du Sud et favori à la présidence, Jacob Zuma, va saisir la Cour constitutionnelle après une décision de justice, qui a réactivé lundi les poursuites pour corruption à son encontre, a indiqué son avocat.
"La décision a été prise de faire appel devant la Cour constitutionnelle dans un délai de trois semaines, conformément à la loi", a déclaré Me Michael Hulley.
La Cour suprême d’appel a renversé lundi la décision d’un juge de Pietermaritzburg (sud-est), qui avait invalidé le 12 septembre pour vice de forme la procédure à l’encontre du chef du Congrès national africain (ANC).
Jacob Zuma, candidat de l’ANC aux élections générales du deuxième trimestre, se retrouve donc à nouveau inculpé pour corruption dans un dossier fleuve impliquant le groupe d’armement français Thales.
Ce recours, une fois déposé, bloquera la procédure intentée par le Parquet général. "Dès que les avocats de Zuma auront introduit le recours à la Cour constitutionnelle, le parquet général ne pourra plus rien faire", a expliqué un avocat familier des procédures constitutionnelles, Alwyn Griebenow.
"Le Parquet devra attendre la décision de la Cour avant d’entreprendre quoi que ce soit. Telle est la loi", a-t-il ajouté.
Il n’y a donc quasiment aucune chance qu’un procès ait lieu avant les élections. Or, la Constitution n’interdit pas aux personnes inculpées de se présenter à la magistrature suprême, mais seulement aux condamnés.
Lors des élections générales, les Sud-Africains éliront leurs députés et leurs élus provinciaux. Les membres de l’Assemblée nationale éliront ensuite le président de la République qui sera logiquement le candidat du parti majoritaire.
L’ANC, qui domine largement le Parlement depuis la fin de l’apartheid en 1994, a redit lundi que Jacob Zuma serait son candidat.
Le tribun zoulou est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin de la filiale sud-africaine du groupe d’armement français Thales, alors qu’il était vice-président du pays (1999-2005).
Après plusieurs rebondissements de procédure et la condamnation en 2005 de son conseiller fiscal, il avait été inculpé pour corruption, racket et fraude fiscale notamment, en décembre 2007, quelques jours après avoir ravi la présidence de l’ANC au chef de l’Etat, Thabo Mbeki.
Ses partisans avaient alors crié au complot, assurant que la justice était instrumentalisée par le gouvernement.
Dans les attendus de sa décision du 12 septembre, le juge de Pietermaritzburg avait d’ailleurs évoqué des "interférences politiques dans le dossier". L’ANC avait utilisé ces commentaires pour ordonner à Thabo Mbeki — un rival de longue date de Jacob Zuma — de démissionner de la présidence.
Son départ contraint avait été suivi par l’entrée en dissidence de ses proches, qui ont lancé en décembre un nouveau parti, le Congrès du Peuple (Cope).
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