Vaste enquête ouverte sur des détournements présumés de maïs
Le gouvernement kényan a ordonné à l’agence anti-corruption du pays d’enquêter sur des détournements présumés d’importantes quantités de maïs dans un pays où 10 millions de personnes sont menacées par des pénuries alimentaires, a-t-on appris de source officielle.
"L’agence kényane de lutte contre la corruption et d’autres agences gouvernementales ont été désignées pour établir la vérité sur des allégations faisant état d’un commerce illégal de maïs", a annoncé mardi dans un communiqué le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua, promettant que les conclusions de l’enquête seraient "rendues publiques et suivies d’effet".
Les médias kényans ont rapporté ces derniers jours une escroquerie présumée consistant à exporter au Sud-Soudan voisin du maïs importé par les autorités kényanes dans le cadre d’un plan visant à approvisionner le marché, à faire baisser le prix de la farine de maïs au détail pour les plus pauvres et à prévenir une famine.
Un sac de 90 kilos de maïs se vend quatre fois plus cher au Sud-Soudan qu’au Kenya. La farine de maïs entre dans la composition de l’aliment de base de la grande majorité des Kényans.
Vendredi, le gouvernement kényan avait tiré la sonnette d’alarme en annonçant qu’il s’apprêtait à déclarer "l’état d’urgence nationale au regard de la sécheresse (. . . ) qui va confronter environ dix millions de personnes à l’insécurité alimentaire".
La ministre kényane de la Justice et des Affaires constitutionnelles, Martha Karua, a de son côté dénoncé publiquement ce week-end, sans citer de noms, des responsables du ministère de l’Agriculture qui selon elle sont parvenus à acheter illégalement du maïs importé en grandes quantités pour le revendre ensuite sur le marché kényan, moyennant bénéfices.
Le ministre de l’Agriculture William Ruto a rétorqué que la pénurie actuelle de maïs était surtout la conséquence des violences post-électorales début 2008.
Ces violences, qui ont fait environ 1. 500 morts et plus de 300. 000 déplacés, avaient grandement perturbé les mises en cultures dans les régions les plus fertiles du pays.
La crise post-électorale a débouché en avril sur la création d’un gouvernement de grande coalition entre la majorité présidentielle du chef de l’Etat réélu Mwai Kibaki et le parti de son adversaire malheureux Raila Odinga, devenu Premier ministre.
Mme Karua appartient à la majorité présidentielle et M. Ruto au camp adverse.
"Les accusations croisées de membres du gouvernement sont non seulement contraires à la constitution mais indiquent que les deux parties de la grande coalition ont abandonné leurs responsabilités de direction (du pays) au profit d’intérêts particuliers", a réagi le responsable de la branche kényane de l’ONG Transparency international Job Ogonda.
Des dizaines de personnes étaient mortes fin 2006 au Kenya lors d’une grave sécheresse qui avait aussi emporté des dizaines de milliers de têtes de bétail.
Quatre millions de Kényans, parmi onze millions de personnes dans les cinq pays de la Corne de l’Afrique, avaient été à l’époque considérés comme en danger.
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