Russie-Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa coincé entre ses deux alliés

Le rapprochement entre Vladimir Poutine et le président sud-africain, au récent sommet des Brics, n’est pas du goût du principal partenaire gouvernemental du Congrès national africain.

© Damien Glez

© Damien Glez

 © GLEZ

Publié le 25 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

Du 22 au 24 octobre, dans la ville russe de Kazan, Vladimir Poutine a compté ses amis. Combinant son récent tropisme pour le Grand Sud et le seizième sommet des Brics, le chef de l’État russe n’a pas manqué de dénombrer les États alliés, notamment sur un continent fut d’ailleurs organisé le précédent symposium de l’organisation. La rencontre de 2023 ayant eu lieu à Johannesburg et l’Afrique du Sud étant le premier membre historique africain du club, le président Cyril Ramaphosa a eu droit à une médiatisation soignée de ses échanges avec le maître du Kremlin.

Si les poignées de mains fermes, les accolades généreuses et les sourires déployés n’ont pas surpris, ce sont deux mots qui ont cristallisé un certain mécontentement, au pays de Madiba : « important allié ». C’est la formulation que le président sud-africain a choisie pour qualifier Moscou. La critique la plus acerbe est venue de l’Alliance démocratique (DA).

la suite après cette publicité

Fragilité électorale

Depuis son arrivée au pouvoir, Cyril Ramaphosa est familier des diatribes du mastodonte de l’opposition sud-africaine. Sauf que la récente fragilité électorale du patron du Congrès national africain (ANC) l’a obligé, en mai, pour sauver sa peau politique, à composer avec les adversaires d’hier. L’arrivée au gouvernement du dirigeant de la DA, John Steenhuisen, a surpris à ce point les nouveaux alliés que ces derniers ne semblent pas encore habitués à être dans le même bateau.

Après avoir entendu l’intervention russe de Ramaphosa, celui qui est ministre de l’Agriculture a déploré, ce 23 octobre, via un communiqué, l’absence de « débat complet et approprié » sur les « positions exprimées au nom du gouvernement d’unité nationale« . Pour Steenhuisen, qui affirme s’exprimer « sans équivoque », la Russie est moins un « allié de la nation » qu’un « régime autoritaire qui viole actuellement le droit international en menant une guerre d’agression impérialiste contre un État souverain ». Une allusion explicite à la situation en Ukraine.

Double discours diplomatique ?

Voilà donc une coalition gouvernementale fragilisée sur les questions d’ordre international. Plus globalement, sur ce terrain, l’opinion sud-africaine a du mal à comprendre une diplomatie présidentielle qui semble animée par une logique de deux poids deux mesures. Quand l’Afrique du Sud s’abstient lors des votes de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant la Russie et, donc, minimise le caractère colonial de l’intervention sur le sol ukrainien, elle se veut le fer de lance africain de la condamnation des interventions israéliennes en Palestine.

Ce qui se passe à Kazan doit-il rester à Kazan ? Si la coalition entre la DA et l’ANC semble contre-nature, c’est que les deux poids lourds de la politique sud-africaine ne manquent pas de divergences sur le terrain national. Les deux formations tentent de mettre balle à terre, depuis mai, des sujets de crispation, qui n’ont récemment pas manqué, comme les critiques à l’égard de la ministre ANC de la Justice Thembi Simelane – sur fond d’arrangement financier – ou le maintien de l’enseignement en langue afrikaans dans certaines écoles.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires