L’ex-rebelle Jean-Pierre Bemba, de la vice-présidence congolaise à la CPI
Rebelle puis vice-président de la République démocratique du Congo, opulent homme d’affaires très populaire à Kinshasa, Jean-Pierre Bemba, 46 ans, est confronté à la justice internationale après avoir vu son destin tourner en perdant la présidentielle de 2006.
Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye examinaient lundi les accusations portées contre le chef de l’ex-rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC), qui clame son innocence.
Il a été arrêté en mai dernier à Bruxelles sous l’accusation de crimes de guerre et contre l’humanité commis par ses hommes en Centrafrique en 2002 et 2003.
A l’époque, le MLC était allé appuyer le président centrafricain d’alors, Ange-Félix Patassé, pour écraser une tentative de coup d’Etat du général François Bozizé, qui parviendra plus tard à s’emparer du pouvoir.
Colosse de 1,90m, Bemba vivait avant son arrestation entre le Portugal et la Belgique en « exil forcé ». Il avait quitté Kinshasa sous escorte blindée de l’ONU dans la nuit du 11 avril 2007, après de sanglants combats entre l’armée congolaise et sa garde rapprochée, totalement défaite.
Après son échec au second tour de la présidentielle d’octobre 2006 contre Joseph Kabila, M. Bemba s’était engagé à conduire une « opposition républicaine ».
Mais, élu sénateur, il avait refusé de voir ses soldats regagner les rangs de l’armée nationale, estimant que sa sécurité n’était pas garantie.
Des combats avaient éclaté en mars 2007 en plein coeur de Kinshasa, faisant au moins 300 morts selon l’ONU. Le gouvernement l’avait accusé d’entretenir une « milice » et le parquet général ouvrait une information judiciaire contre lui.
L’enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages contre M. Kabila, avait finalement pris le chemin de l’exil.
Né le 4 novembre 1962 à Bogada, dans la région forestière de l’Equateur (frontalière de la Centrafrique), M. Bemba est le fils d’un riche homme d’affaires proche de l’ancien dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko.
Il dirige les entreprises familiales puis se lance à son compte dans la téléphonie mobile, le fret aérien, crée deux chaînes de télévision.
Mais le « Mobutu miniature », tel que le surnommait la rue kinoise, quitte brusquement la capitale en 1997 après l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président.
Il dirige pendant la dernière guerre en RDC (1998-2003) une rébellion soutenue par l’Ouganda, le MLC, créé pour renverser le régime de Kabila père et qui règnera en maître dans la région de l’Equateur.
A la fin de la guerre, ce personnage controversé, réputé autoritaire et audacieux, obtient un des quatre postes de vice-président.
En 2006, il apparaît dès le début de la campagne électorale comme l’adversaire le plus sérieux de Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 à la mort de son père. Il est néanmoins battu sur le score honorable de 42%, après une campagne de second tour émaillée de violences.
Plus d’un an après son départ de Kinshasa, M. Bemba envisageait d’y revenir pour briguer le poste de porte-parole de l’opposition politique.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Burkina Faso : le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni toujours porté disparu
- Fin de règne pour Adolphe Moudiki, intime de Paul Biya et patron de l’or noir camerounais
- Côte d’Ivoire : le vice-président Tiémoko Meyliet Koné, des amitiés au cœur du pouvoir
- Au Sénégal, l’affaire de la disparition mystérieuse de deux sous-officiers ressurgit
- Est de la RDC : l’Union européenne a choisi son représentant pour les Grands Lacs