Le Gabon se lance dans une chasse aux « fonctionnaires fantômes »
Le gouvernement a entrepris une campagne de recensement des agents publics, après qu’un récent audit visant à assainir les finances a dénombré que 13 000 d’entre eux « sont salariés alors qu’ils ne devraient pas l’être ».
Le gouvernement gabonais a appelé les fonctionnaires du pays à se présenter physiquement pour toucher leur salaire. Il a ainsi lancé, le 25 octobre, une campagne de recensement de ses agents publics, qui fait suite à un récent audit conduit dans le but d’assainir les finances.
Cet audit a permis d’identifier « un peu plus de 13 000 agents publics qui sont en situation d’abandon manifeste de leur poste et continuent à percevoir indûment leur traitement chaque fin de mois », selon des chiffres publiés mi-septembre sur la page Facebook de la primature du Gabon. Depuis, un nettoyage des fichiers a permis de ramener ce chiffre à 9 000 noms en écartant les morts, les retraités et les radiés, selon les responsables du recensement.
Les convocations ont été envoyées pour vérifier les situations, alors que l’on sait que certains « se retrouvent même à l’étranger, en train de refaire une vie, tout en étant fonctionnaire », a expliqué le lieutenant-colonel Ossiba, membre de la Task force Territoire de la solde. Ceux qui ne se présentent pas ou ne peuvent justifier de leur absence risquent une suspension, un blâme ou une radiation définitive.
Masse salariale de l’État
« Le but est de redresser les comportements, de changer les mauvaises manières de faire et d’avoir une fonction publique efficace« , selon le lieutenant-colonel Ossiba. De tels recensements ont été faits sous la présidence d’Ali Bongo – renversé le 30 août 2023 par un putsch militaire –, mais, selon le représentant du nouveau pouvoir, « avec le système de l’époque, les gens n’avaient pas le courage de prendre des décisions jusqu’au bout ».
« Si le gouvernement a constaté qu’il y a effectivement des personnes […] qui sont salariées alors qu’elles ne devraient pas l’être, […] c’est naturellement normal qu’on puisse nettoyer ce fichier », commente Sosthène Otogho, 42 ans, l’un des agents convoqués pour vérification dans un gymnase de Libreville.
Le brief. Les clefs de l'actualité africaine dans votre boite mail
Chaque semaine, recevez les 5 infos de l'actualité africaine décryptées par nos journalistes.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
« Nous passons tout le temps à être recensés mais sans résultat. On n’identifie pas les vrais fantômes. Et on nous dit que c’est nous qui alourdissons la masse salariale. Les salaires qu’on nous verse ne peuvent pas, nous semble-t-il, alourdir la masse salariale », proteste Aimé Mapangou, un professeur de français de 56 ans, lui aussi convoqué.
Le Gabon compte 109 267 fonctionnaires – pour une population d’environ 2,4 millions d’habitants –, selon des chiffres publiés en septembre, lors d’un colloque gouvernemental sur la fonction publique. Dans le nouveau budget adopté par le gouvernement de transition, la masse salariale de l’État est passée de 704 à plus de 771 milliards de F CFA entre 2023 et 2024 (1,08 à 1,18 milliard d’euros).
(avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...