Visite d’État au Maroc : Emmanuel Macron et Mohammed VI vont sceller leur réconciliation
Le président français arrive ce 28 octobre à Rabat pour renouer des liens profondément distendus par trois ans de brouilles et donner un nouvel élan au partenariat historique entre le Maroc et la France. Cette visite pourrait aussi se traduire par une pluie de contrats
« Nous entendons refonder (notre relation) mais aussi nous projeter dans les décennies qui viennent », en plaçant la « barre très haut dans de nombreux domaines », a esquissé le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot dans l’hebdomadaire français La Tribune Dimanche. Signe de la volonté de redonner tout son lustre à ce partenariat, Emmanuel Macron, qui est attendu à Rabat avec son épouse Brigitte pour une visite d’État de trois jours, sera accompagné d’une imposante délégation. Pas moins de neuf ministres l’accompagneront, dont ceux de l’Intérieur Bruno Retailleau, très attendu sur les sujets d’immigration, de l’Économie Antoine Armand, de l’Éducation nationale Anne Genetet et de la Culture Rachida Dati, d’origine marocaine.
Les dirigeants des groupes Engie, Alstom, Safran, TotalEnergies, Suez seront du voyage, de même que des représentants d’Airbus, Veolia, Thalès ou du spécialiste du BTP Colas. Le monde culturel franco-marocain sera également à l’honneur, des écrivains Tahar Benjelloun et Leïla Slimani à l’humoriste Djamel Debbouze et l’acteur Gérard Darmon. Le roi du Maroc ne sera pas non plus en reste envers son hôte qu’il accueillera en personne à l’aéroport de Rabat, au son de 21 coups de canon.
Les deux chefs d’État rejoindront ensuite à bord d’une voiture d’apparat le Palais royal pour un entretien en tête-à-tête suivi de la signature d’accords sur l’énergie, l’eau, l’éducation et la sécurité intérieure.
Le choix du réchauffement
Les deux dirigeants entendent à cette occasion tirer un trait sur une série de contentieux, des soupçons d’écoutes téléphoniques du président Macron à la diminution par deux du nombre de visas accordés aux Marocains en 2021-2022 pour pousser Rabat à reprendre ses ressortissants en situation irrégulière. La priorité donnée par le président français à l’Algérie après sa réélection en 2022 avait aussi jeté un froid, alors que les deux puissances du Maghreb sont en opposition frontale, notamment sur le Sahara occidental.
Ces multiples secousses ont sans cesse conduit à repousser la visite d’État d’Emmanuel Macron, envisagée initialement pour le début 2020, après une première visite en juin 2017 et une autre en 2018. Le président français a finalement opté pour un réchauffement avec le Maroc, où la France compte d’importants intérêts économiques, en exprimant son soutien en juillet à une solution au Sahara occidental « dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Une position qu’il devrait réaffirmer haut et fort lors d’une allocution très attendue ce 29 octobre devant le Parlement, alors que le Maroc considère le Sahara occidental comme un enjeu national majeur.
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Rabat espère désormais que ce réalignement de la position française va se traduire par des investissements sonnants et trébuchants dans ce territoire aux énormes ressources halieutiques, solaires, éoliennes ainsi qu’en phosphates. La visite du président français pourrait aussi se traduire par une pluie de contrats, même si les deux parties sont restées très discrètes jusqu’à la dernière minute sur les ultimes négociations en cours. Airbus Helicopters pourrait ainsi vendre 12 à 18 Caracal aux Forces armées marocaines à l’occasion de la visite, selon des sources concordantes.
La France espère aussi rester le prestataire privilégié du Maroc pour l’extension de la ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Agadir, après l’inauguration en grande pompe du premier tronçon par Mohammed VI et Emmanuel Macron en 2018.
Sur le volet immigration, le nouveau ministre français de l’Intérieur, très offensif, veut contraindre le Maroc à reprendre ses ressortissants arrêtés en situation irrégulière. Mais après la crise des visas de 2021-2022, le gouvernement français promet d’avancer dans un esprit de dialogue. « Il faut tirer les leçons des erreurs du passé » et aborder la question « dans le cadre d’un partenariat global », insiste Jean-Noël Barrot.
(Avec AFP)
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