En matière d’antijeu sportif, comme de mauvaise foi dans les jeux de société, une certaine dose est acceptable. Quelques bruits de casseroles sous les fenêtres d’hôtel d’une équipe invitée ? Un petit détour de bus pour allonger un trajet dans la ville hôte ? Un surdosage modéré de piment dans la sauce ? Une blagounette chauvine est parfois de bonne guerre, quand on ne pousse pas le bouchon trop loin. Les organisateurs du match Libye–Nigeria du 15 octobre dernier ont officiellement dépassé les bornes…

Infractions multiples

Prévu à Benghazi et comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Maroc 2025, la confrontation s’annonçait sous de mauvais auspices pour les Libyens, après la victoire nigériane au match aller (1-0), quatre jours plus tôt. À son arrivée, la sélection nigériane se verra donc imposer un petit crochet dans l’aéroport excentré et inhospitalier d’Al Abraq. Livrés à eux-mêmes pendant de longues heures, les footballeurs finiront par refuser de jouer et enclencheront un recours auprès de la Confédération africaine de football (CAF), laquelle vient de délibérer.

C’est ce samedi 26 octobre que le jury disciplinaire de l’instance a décidé d’accorder la victoire sur tapis vert aux Super Eagles. Il affirme que « la Fédération libyenne de football a enfreint l’article 31 du règlement de la Coupe d’Afrique des nations CAF TotalEnergies ainsi que les articles 82 et 151 du Code disciplinaire de la CAF ». Il indique que c’est « par forfait » et « sur le score de 3-0 » que la Libye a perdu le match.

Cinglante, la décision de la CAF précise que « la Fédération libyenne de football est condamnée à reverser une amende de 50 000 dollars », que cette somme « doit être payée dans les 60 jours suivant la notification de la présente décision » et que « toutes les autres requêtes ou demandes de réparation sont rejetées ».

« Traitement inhumain »

Les Nigérians avaient été bloqués 16 heures dans l’aéroport désaffecté de l’Est libyen, manifestement sans eau et sans nourriture. Le capitaine de la sélection, William Troost-Ekong, ira jusqu’à évoquer un « traitement inhumain » susceptible d’affaiblir physiquement et moralement les joueurs avant la rencontre. Et certains emploieront même le terme de « séquestration » de nature à inspirer aux footballeurs une « peur pour leur sécurité », appréhension justifiant le départ de la Libye avant le match.

L’objectif sportif des Libyens ne sera pas atteint. Sur la route de la phase finale de la CAN marocaine de 2025, le pays occupe la dernière place de son groupe qui compte quatre sélections, avec un seul point obtenu en quatre matches. Avec dix points, le Nigeria devance le Bénin et le Rwanda, respectivement de quatre et cinq points.