Dakar-2009: privé du rallye, le Sénégal entre déception et résignation
Au Lac Rose, lieu mythique de l’arrivée du rallye Dakar quasiment sans interruption depuis le début des années 80, l’heure est à la déception, voire à la résignation. Cette année, le « Dakar » a quitté l’Afrique pour l’Amérique du Sud.
La dernière étape du rallye, traditionnellement autour du 11 janvier, suscitait une grande effervescence. Mais aujourd’hui, les rives du lac aux eaux mauves, balayées par les vents, ont perdu les fastes habituels des fins de course: ni bivouac, ni marquages aux sols, ni banderoles.
A l’exception de quelques ramasseurs de sel, les environs sont déserts. Et au village artisanal voisin, les vendeurs se ruent sur les rares touristes de passage.
« Depuis que le rallye Dakar ne vient plus au Sénégal, c’est un coup dur pour nous » car « cela rapportait beaucoup », déplore le président des artisans du village artisanal, Assane Kane.
Les recettes des artisans qui présentaient leurs oeuvres dans un bivouac « où 200 à 400 personnes se restauraient » pouvaient alors « atteindre les 250. 000 francs CFA (381 euros) pour une seule journée », souligne-t-il.
Nostalgique de « l’ambiance » du Dakar, Aliou Oumar Ndiaye, « maître d’hôtel » au campement Chez Salim, installait pour ses clients finlandais, suédois et français, « des tentes mauritaniennes » sur les plages où les coureurs « faisaient les dunes avant l’arrivée ».
« Financièrement, on s’en sortait bien! », se souvient M. Ndiaye. « On pouvait gagner 10 à 15 fois plus que les bénéfices mensuels », ajoute-t-il.
L’annulation à la dernière minute, en raison de menaces terroristes, de l’édition 2008 ainsi que le déplacement en Argentine et au Chili de celle de 2009 font grimacer les professionnels du tourisme.
Cela a « des retombées, parce que le rallye que nous avons perdu est un manque à gagner pour notre hôtel », regrette M. Ndiaye.
La « spéciale » du rallye attirait « près de 200 à 300 personnes », se souvient le président du syndicat d’initiative des hôteliers du Lac Rose, Idrissa Diop. Lorsqu’il était propriétaire d’un campement, il pouvait « faire 5 millions de francs CFA (7622,45 euros) de recettes » en une journée.
Installé au village artisanal depuis une dizaine d’années, Cheikh Ba vend instruments de musique traditionnels et tableaux, dont deux toiles représentant la silhouette de deux nomades, avec l’inscription « Lisboa-Dakar 2008 ». « Je ne les ai pas vendues depuis l’an dernier », se désole-t-il.
Mais au-delà des pertes financières dans la région du Lac Rose, les professionnels craignent des retombées sur l’ensemble du tourisme au Sénégal.
Le rallye a été « un événement majeur pour la promotion du Sénégal car dans le monde entier, les gens connaissaient le Dakar », relève le directeur général de l’Agence nationale de promotion du tourisme, El Hadj Malick Mbaye, sans toutefois donner un impact chiffré.
« Le Dakar avait atteint au fil des années une grande dimension, qui se mesure au nombre de compétiteurs », dit avec amertume le secrétaire général de la fédération de sports automobiles, André Mathieu, « déçu » du changement de destination du rallye.
Cette année, le Lac Rose se console un peu en accueillant le 11 janvier une nouvelle compétition, Africa Race, initiée par Hubert Auriol, triple vainqueur du Paris-Dakar. Mais la presse sénégalaise n’en a quasiment pas parlé et très peu de publicité a été faite autour de l’événement.
Ce raid suit les traces du Paris-Dakar (France-Maroc-Mauritanie-Sénégal), mais « en termes de communication, il y a eu moins d’impact que le rallye Dakar », concède un responsable du groupe TUI, Mamadou Diallo, qui annonce « une cinquantaine de coureurs à l’arrivée ».
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