La pêche en Afrique de l’Ouest souffre de politiques « contradictoires », selon des experts
La pêche en Afrique de l’Ouest, qui fait vivre des millions de personnes, souffre de « contradictions » entre les politiques nationales, rendant difficile la gestion des ressources halieutiques menacées par la surexploitation, selon des experts réunis cette semaine à Dakar.
« Il n’y a pas une bonne articulation des politiques de pêche entre les Etats d’Afrique de l’ouest. Il y a souvent des contradictions ou des divergences », relève André Bihibindi, un responsable du Réseau sur les politiques de pêche en Afrique de l’Ouest (Repao), une ONG basée à Dakar.
Ces distorsions sont perceptibles dans « la négociation des accords (de pêche avec des pays étrangers, européens ou asiatiques), les politiques de protection, les conditions d’accès (à la ressource) et les politiques douanières et fiscales », a-t-il détaillé.
Il s’exprimait lors d’une réunion organisée mardi et mercredi à Dakar, à laquelle participaient des délégations de plusieurs Etats et d’organismes sous-régionaux, des professionnels de la pêche et de la société civile des pays d’Afrique de l’Ouest, pour la mise en place d’un comité régional sur la cohérence des politiques de pêche.
Pour le ministre sénégalais de l’Economie maritime, Souleymane Ndéné Ndiaye, « la cohérence des politiques de pêche en Afrique de l’Ouest constitue un enjeu de taille ».
« Elle représente une priorité dans le contexte de raréfaction de la ressource créant des tensions énormes au niveau national ainsi que régional entre acteurs », a-t-il souligné.
Pour Dougoutigui Coulibaly, responsable d’une organisation de pêcheurs industriels au Sénégal, des bateaux de pêche étrangers déclarent des capacités et des puissances motrices différentes d’un pays ouest-africain à un autre. Il a appelé à une harmonisation des législations pour « arrêter ce trafic ».
« Depuis longtemps, on en parle mais on n’avance pas », a-t-il regretté alors que la surexploitation des ressources halieutiques a plongé dans la crise le secteur de la pêche de nombreux pays.
Parallèlement, de nombreux problèmes se posent, dans la surveillance, la réglementation des bateaux, la délivrance des licences de pêches.
Et, à ce jour, la coopération régionale n’a pas produit les résultats escomptés.
La Commission sous-régionale des pêches (CSRP), créée en 1985 et formée de sept Etats (Sénégal, Gambie, Guinée, Mauritanie, Guinée-Bissau, Cap-Vert et Sierra Leone) « n’a pas atteint ses objectifs d’articulation des politiques de pêche », selon plusieurs experts.
La Commission, basée à Dakar, avait adopté des mesures pour harmoniser les positions sur notamment les accords de pêche avec les pays européens, la taille des mailles, la réglementation des bateaux.
Mais selon le Repao, la Convention de 1985, révisée en 1993 et portant sur ces mesures, « n’est pas entrée en vigueur ».
« Les accords d’accès (accords de pêche, importante source de devises pour des Etats) sont encore négociés individuellement avec les Nations (étrangères), les termes minima de la Convention ne sont donc pas respectés », ajoute le Réseau.
La réunion de Dakar a donc mis en place un comité régional consultatif chargé de « promouvoir la mise en cohérence des politiques de pêche en Afrique de l’Ouest et servir de cadre de concertation pour tous les acteurs de la pêche », selon un document lu mercredi soir à l’issue de cette rencontre.
Ce comité aura « un rôle de conseil, de veille et d’alerte pour la cohérence des politiques de pêche en Afrique de l’ouest. Il sera formé d’acteurs étatiques et non étatiques comme des organisations de la société civile et des professionnels de la pêche », précise Gora Ndiaye, un responsable du Repao.
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