Attentat de Djerba: le parcours du kamikaze détaillé devant la cour

Comment un jeune homme de 24 ans, élevé dans une famille modeste et ordinaire de Djerba, est-il devenu le kamikaze qui s’est fait sauter, en avril 2002, dans un camion piégé devant la synagogue de l’île tunisienne ?

Publié le 9 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est à cette question qu’ont tenté de trouver une réponse jeudi les magistrats de la cour d’assises spéciale de Paris, qui juge depuis lundi trois hommes accusés de complicité dans l’attentat qui a fait 21 morts, dont 14 touristes allemands.

Rien dans l’enfance de Nizar Nawar, ont assuré ses deux parents à la barre, n’aurait pu laisser deviner une telle radicalisation.

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"Il faisait ses prières, mais comme nous tous. Rien de particulier", a assuré sa mère Yamna, 49 ans. "Ce n’était pas le genre à vouloir approfondir ses connaissances religieuses".

Pour cette petite femme voilée, analphabète, emmitouflée dans un grand manteau noir, "il n’y a que Dieu qui sache ce qu’il s’est passé. Nizar est peut-être tombé sur quelqu’un qui l’a endoctriné, poussé à faire cela…"

Elle s’adresse à la cour en arabe, traduite par un interprète, et assure qu’avec "toutes ces souffrances et les maladies qui m’ont atteinte depuis l’attentat, j’ai oublié pas mal de choses".

Son père Mohammed, qui à 60 ans et malgré trente ans passés à Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, ne parle pas non plus français, affirme "n’avoir jamais accepté cet acte terrible et affreux. J’ai toujours vécu et élevé mes enfants dans la tranquillité, je n’accepte pas ce genre de choses".

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En fait, de l’acte d’accusation et des témoignages devant la cour il ressort surtout que Nizar Nawad, dès son entrée dans l’âge adulte, a tenu ses parents dans l’ignorance de ses faits et gestes.

Il leur a affirmé suivre des études à l’étranger, a multiplié les voyages, commençant par la Corée du Sud avec des amis et des cousins pour quelques mois en 1997. Il a ensuite affirmé à ses proches partir à trois reprises pour le Canada, soi-disant pour poursuivre des études qu’il n’a jamais achevées.

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Pour l’accusation, il ne s’agissait que de couvrir des déplacements qui l’ont mené notamment au Pakistan et dans les camps d’entraînement d’Al Qaïda en Afghanistan.

Pour Me Tarik Abahri, qui défend le frère de Nizar, Walid Nawar, accusé de complicité dans l’attentat pour lui avoir fourni notamment un téléphone satellitaire acheté à Paris, "Nizar s’est radicalisé, lors de son séjour en Corée ou ailleurs, sans doute à l’occasion de mauvaises rencontres. Mais il l’a fait en se cachant de sa famille, pour la protéger et se protéger".

Dans le dossier d’accusation, seul figure le témoignage d’un oncle, Belgacem Nawar, condamné et emprisonné pour vingt ans en Tunisie pour avoir aidé Nizar à construire la bombe incendiaire installée dans une camionnette.

Il lui aurait confié sa colère face à "l’hégémonie exercée par les Etats-Unis et l’Europe sur les pays arabes et islamiques" et son désir d’attaquer la fameuse synagogue de La Ghriba "pour se venger des juifs et soutenir le peuple palestinien".

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