Guinée : remède de cheval contre la pléthore de partis politiques

Après évaluation, les autorités guinéennes ont dissous, suspendu ou mis sous observation des dizaines de formations politiques, dont certaines parmi les plus en vue. La mesure interroge alors que le calendrier électoral n’est pas encore clair.

© Damien Glez

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Publié le 30 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

Alors que les élections promises pour 2025 par le ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, ne font l’objet, pour l’heure, d’aucun calendrier précis, le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation vient de jeter un pavé dans la mare politicienne. À l’occasion du rapport d’évaluation 2024 des partis politiques, le régime annonçait, ce lundi 28 octobre, la dissolution de 53 formations politiques, la suspension de 54 partis et la mise sous observation de 67 autres.

Parmi les formations concernées figurent des poids lourds du processus démocratique interrompu il y a maintenant trois ans. Sont mis sous observation le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) du chef de l’État déchu Alpha Condé et l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de l’opposant en exil Cellou Dalein Diallo. Parmi les suspendus figurent l’historique Parti démocratique de Guinée-Rassemblement démocratique africain du premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré.

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Coup de pied dans la fourmilière

Certes, la pléthore de formations gangrène bien souvent la vie politique de plusieurs nations ouest-africaines, les partis étant perçus comme des instruments d’ambitions personnelles plus que souples sur le plan des positionnements idéologiques. Il en résulte un manque de visibilité pour l’électeur, un émiettement des contributions financières, une dispersion des forces militantes et, en dernier lieu, une décrédibilisation de l’engagement, pour ceux qui exècrent notamment le nomadisme politique. Le coup de pied de la junte dans la fourmilière pourrait tout de même déstabiliser l’avenir démocratique proche.

Les autorités répondent que les sanctions ne sont que temporaires – trois mois pour régularisation –, que l’évaluation avait été annoncée à l’avance et que les infractions administratives sont formelles : absence d’agrément valide, non-communication de la liste des membres de l’organe de direction, absence de compte bancaire ou de gestion comptable annuelle, mauvaises procédures en matière de modifications statutaires ou encore conflits internes qui compromettent le bon fonctionnement desdits partis. Chacune des 211 formations « examinées » va donc s’activer pour figurer, à l’échelle d’un trimestre, dans le bon grain plutôt que dans l’ivraie.

Doumbouya candidat ?

Les partis concernés par la mesure n’étant pas que des formations fantômes, certains considèrent le timing comme inquiétant. Si le pari d’un référendum constitutionnel en 2024 devait être tenu, la campagne y afférente se déroulerait pendant la phase de réorganisation des partis. Dans le cas contraire, comment imaginer que le général Mamadi Doumbouya tienne son engagement à rendre le pouvoir aux civils début 2025 ? Surtout que l’hypothèse de sa candidature aux futures échéances électorales n’est pas écartée.

Que chacun fasse le bilan de ses promesses et la liste des fouets qu’il aura donnés pour se faire battre. La junte guinéenne, elle, n’a pas le prétexte sécuritaire qui permet aux homologues de l’Alliance des États du Sahel (AES) de repousser l’ordre constitutionnel aux calendes grecques.

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