Angolagate: Attali nie être mêlé au « plus gros redressement fiscal » français

Jacques Attali s’est défendu au procès de l’Angolagate, d’avoir usé de son influence pour permettre à la société de Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak d’échapper en 1999 à un redressement d’impôts de plus de deux milliards de FF, « le plus gros de l’histoire fiscale française ».

Publié le 7 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Cette année-là, l’administration fiscale réclame 2,224 mds de FF (340 millions d’euros) au titre des impôts non payés pour les années 95 et 96 à ZTS Osos, la société slovaque que les deux associés utilisent pour exporter vers l’Angola des armes de guerre venant des anciens pays du bloc soviétique.

"C’est le plus gros redressement de l’histoire de la fiscalité française", reconnaît l’avocat Allain Guilloux, qui siège sur le banc des prévenus parce qu’il est soupçonné, alors qu’il défendait les intérêts de Pierre Falcone, d’avoir utilisé l’influence de Jacques Attali pour tenter d’échapper à ce redressement.

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Quand la trésorerie parisienne envoie ses commandements de payer à l’ambassade de France à Bratislava, Allain Guilloux contacte son "ami" Jacques Attali et lui demande de faire parvenir un message à Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères. Il veut le convaincre que les deux associés agissent pour le compte de l’Angola et n’ont donc pas à payer d’impôts en France.

En février 1999, Jacques Attali, qui ne veut pas se "fâcher avec un ami", s’exécute, mais a minima.

"Jacques Attali m’a appelé pour me dire qu’il faisait porter le pli mais qu’il refusait d’écrire une lettre d’accompagnement", explique Allain Guilloux.

L’ancien sherpa du président François Mitterrand dit avoir ouvert le pli: "je l’ai rapidement feuilleté, j’ai vu qu’il s’agissait d’une affaire fiscale et je n’ai pas voulu y associer mon nom".

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En fait, dit-il, "j’avais demandé à mon chauffeur de le mettre dans la boîte aux lettres pour qu’il n’y ait pas de trace. . . J’avais la certitude que mon nom n’apparaîtrait pas".

Mais le chauffeur ne trouve pas la boîte, remet le pli au concierge du Quai d’Orsay qui y appose le nom de l’expéditeur: Jacques Attali.

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L’économiste de 65 ans est pourtant formel: "je ne connaissais rien à ce dossier. Je ne suis pas intervenu. Je n’en ai parlé à personne et surtout pas à Hubert Védrine".

L’ancien ministre confirmera et assurera aux enquêteurs être resté de glace face aux relances téléphoniques de Me Guilloux.

Pendant ce temps, à Bratislava, l’ambassadeur français est interloqué par l’ampleur de la somme qu’on lui demande de recouvrir: 2% du PIB slovaque. Il prévient le quai d’Orsay qu’après une telle ponction, "les relations franco-slovaques mettront sûrement un certain temps à se relever".

Finalement, le ministère donne l’ordre à l’ambassadeur de renoncer à ces créances, mais Hubert Védrine assurera qu’il n’y a eu "aucune instruction de son cabinet" dans ce que le juge d’instruction appellera "un curieux et discrétionnaire changement de position" de son ministère.

Contre son intervention, Jacques Attali est soupçonné d’avoir touché 160. 000 dollars, travestis selon l’accusation en honoraires pour sa société de conseil contre l’instauration, jamais réalisée, de micro-crédit en Angola.

Le contrat a été signé avec la Banque africaine d’investissement, mais c’est une société de Pierre Falcone qui règlera les honoraires.

"Pas une seconde, je n’ai pensé que M. Falcone allait payer", assure Jacques Attali.

Curieusement, en 2001, lorsque l’enquête sur ce qui est devenu l’Angolagate fait la une des journaux, l’administration fiscale entreprendra de relancer la procédure de recouvrement fiscal, relève le président Jean-Baptiste Parlos.

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