Nos amis les rats : la Tanzanie mise sur les rongeurs pour protéger sa faune sauvage

Une étude dévoile que des rats d’un mètre sont prêts à relayer les chiens renifleurs dans les aéroports tanzaniens. Plus rentables, ils pourraient contribuer à la lutte contre le trafic des produits issus du braconnage.

© Damien Glez

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Publié le 31 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

Les défenseurs des rats ont bien du mal à faire des émules, tant l’animal a une réputation de vecteur de maladies, en particulier dans les bas-fonds urbains à l’hygiène toute relative. L’évocation d’une espèce pouvant mesurer jusqu’à un mètre et peser entre 1,5 et 2 kg n’est guère de nature à enjoliver l’image de ces rongeurs. Ce sont pourtant ces rats géants qui pourraient reconquérir le cœur des Tanzaniens, notamment parce qu’ils contribueraient à la préservation d’autres animaux.

Après les fameux chiens renifleurs qui officient dans les aéroports, voici venus des rats “nez” présentés par une étude parue, ce 30 octobre, dans la revue Frontiers in Conservation Science. Comme leurs collègues canins, ces rongeurs entraînés par une ONG dénommée Apopo sont désormais opérationnels pour renifler, dans les bagages et les conteneurs, des produits illicites, notamment issus du braconnage. Ils détecteront ainsi les de pangolin">écailles de pangolin, les cornes de rhinocéros ou l’ivoire des éléphants auxquelles on attribue des vertus curatives et aphrodisiaques.

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Renifleurs hors pair

Des tests en environnement réel ont été concluants, particulièrement dans le port tanzanien de Dar Es-Salaam. Ces rats géants sont connus pour leur odorat exceptionnel, puisqu’ils détectent également les mines antipersonnel ou encore la grenadille d’Afrique, ce bois qui fait également l’objet d’un trafic lié à la fabrication d’instruments de musique. Ces animaux auraient même, selon certaines études médicales, la capacité de diagnostiquer la tuberculose chez les humains…

La parade semblait évidente pour les trafiquants : dissimuler les odeurs de produits illicites sous d’autres parfums. Les rongeurs ont donc été entraînés à détecter et ignorer les grains de café, la lessive en poudre ou encore les câbles électriques souvent utilisés par les contrebandiers. Comme les chiens, ils ont la capacité de mémoriser ces informations olfactives. Par les ressorts pavloviens, ils ont appris à déclencher une alerte sonore, à la moindre de leur découverte suspecte, grâce au port d’un gilet doté d’une petite balle sur laquelle ils savent tirer.

Aux humains réticents qui préfèrent croiser, dans les coursives des aéroports, des “toutous” plutôt que des “mulots” d’un mètre – même en laisse –, les dresseurs de rats présentent la liste des avantages de leurs protégés. Si le rongeur, comme le chien, ne revendique que peu de droits sociaux, son dressage coûte environ 8 000 dollars, soit un quart du budget nécessaire pour le conditionnement d’un représentant de l’espèce canine. Le temps de formation des rats est relativement court, ce qui contribue à une forte rentabilité.

Ensuite, la taille du rongeur – même géant – lui permet de se faufiler dans des espaces où les chiens renifleurs – souvent des bergers allemands, des labradors ou des rottweilers – sont incapables d’aller. Dans une édition de septembre, le magazine New Scientist indiquait que, ces dernières années, les rhinocéros, les pangolins et les éléphants avaient représenté les trois quarts des saisies effectuées dans le cadre de la lutte contre un trafic d’espèces sauvages qui « génère jusqu’à 20 milliards de dollars par an ».

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