La junte durcit le ton, plusieurs généraux arrêtés, les USA suspendent leur aide

La junte au pouvoir en Guinée depuis le coup d’Etat du 23 décembre durcit le ton et a arrêté plusieurs généraux, dont l’ex-chef d’état-major de l’armée, après une fouille musclée par des militaires le 1er janvier du domicile d’un ancien Premier ministre.

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Ce raidissement des nouvelles autorités militaires intervient avant une réunion vendredi à Abuja des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui devraient officialiser la suspension de la Guinée de cette organisation régionale.

Plusieurs responsables de partis politiques et de la société civile ont déclaré mardi à l’AFP "être au courant" de cette vague d’arrestations mais se sont pour l’instant refusés à tout commentaire.

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Les Etats-Unis ont annoncé mardi qu’ils suspendaient leur aide à la Guinée, réclamant un retour à un régime civil et la tenue d’élections après un coup d’Etat militaire le mois dernier dans le pays.

"Les Etats-Unis suspendent leur aide à la Guinée, à l’exception de l’aide humanitaire et des programmes en faveur du processus démocratique", a indiqué le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, dans un communiqué.

Plusieurs généraux mis à la retraite par la junte ont été arrêtés depuis samedi et trois d’entre eux étaient toujours détenus mardi, a-t-on appris auprès de leur entourage.

Selon ces sources, l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général de division Diarra Camara, l’ex-chef d’état-major de la marine, le vice-amiral Ali Daffé, ainsi que son adjoint le contre-amiral Fassiriman Traoré, ont été arrêtés dimanche.

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Ils étaient toujours détenus mardi au camp Alpha Yaya Diallo, le plus important camp militaire du pays, situé en banlieue de Conakry et siège de la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara.

D’autres généraux, dont Kandet Touré, ex-directeur de cabinet au ministère de la Défense, ont également été interpellés dimanche et lundi avant d’être libérés mardi, selon leurs proches. Le nombre total d’officiers à avoir été interpellés n’est pas connu avec précision.

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Aucune explication officielle n’a été fournie sur ces interpellations en série au sein de l’armée, qui constituait le socle du pouvoir du général Lansana Conté, décédé le 22 décembre à 74 ans, après avoir gouverné le pays d’une main de fer pendant 24 ans.

Le putsch avait toutefois souligné les divisions au sein des forces armées entre les généraux et la troupe.

Le 28 décembre, la junte avait ainsi mis à la retraite 22 généraux de l’armée "ayant atteint la limite d’âge et d’ancienneté de service", dont le général de division Diarra Camara.

Le général Camara était apparu à la télévision le 23 décembre aux côtés du chef du gouvernement pour annoncer la mort du président Conté. Resté loyaliste, il avait ensuite contesté le coup d’Etat, affirmant que les putschistes étaient "minoritaires".

Le 31 décembre, la junte avait annoncé une promotion au grade supérieur pour tous les militaires et paramilitaires allant de simple soldat à adjudant-chef. Une source proche de la junte avait alors indiqué à l’AFP qu’il s’agissait de "remercier les soldats pour leur adhésion sans faille au coup d’état".

Mais le 1er janvier, la tension était montée d’un cran après qu’une vingtaine de militaires lourdement armés eurent fouillé la résidence de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo à la "recherche" d’armes et de mercenaires sur une indication anonyme.

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), basée à Dakar, avait immédiatement exprimé "sa vive préoccupation face au premier faux pas que viennent de faire les hommes du capitaine Moussa Dadis Camara", chef de la junte.

Le 2 janvier, la junte avait regretté cet "acte hautement répréhensible", en évoquant des "éléments incontrôlés" de l’armée.

Le sommet de la Cédéao intervient donc dans un climat tendu, d’autant plus que la communauté internationale fait pression pour la tenue d’élections au premier semestre 2009, soit avant la date de "fin décembre 2010" fixée par les putschistes.

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