Le Burkina d’Ibrahim Traoré lance le « Burkindi Business Center », un Manhattan ouagalais

Les superlatifs n’ont pas manqué lors de la pose de la première pierre du complexe immobilier, à Ouagadougou. Issu d’un partenariat entre un promoteur privé et l’État, ce projet promet du jamais-vu à l’échelle de la région.

© Damien Glez

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Publié le 1 novembre 2024 Lecture : 2 minutes.

Si la dénomination « Ouaga 2000 » avait une vue manifestement trop courte, dans les années 1990, pour incarner un avenir d’une modernité inédite, le quartier huppé de la capitale burkinabè reste, un quart de siècle après l’an 2000, la zone où le nombre de routes en bitume semble rivaliser avec les mégalopoles des pays dits « développés ». C’est donc à cet endroit que vient d’être posée la première pierre du complexe immobilier Burkindi Business Center.

Futuriste ? Invitée d’honneur de la cérémonie, la star locale et mondiale de Log lift Iron Biby en semble persuadé. Pour cet ambassadeur de l’opération, « certaines personnes, en voyant la maquette, diront qu’il n’est peut-être pas possible de réaliser un tel projet au Burkina Faso ». En effet, le gigantisme semble être au rendez-vous, en particulier au regard du niveau moyen d’urbanisme du Pays des hommes intègres.

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Inédit et révolutionnaire

Sur 4,6 hectares s’élèveront la « Tour Burkindi » de 35 étages, 15 bâtiments de 15 étages et un centre commercial sur trois niveaux. Dans ce complexe immobilier, les Burkinabè trouveront plus de 3 000 bureaux, 700 appartements résidentiels, des restaurants, des magasins, quatre parkings d’une capacité de 3 000 places et d’autres lieux dont les dénominations fleurent bon la modernité comme « centre médicalisé », « pouponnière », « espaces de coworking » ou encore « hub d’affaires dynamique ».

Si le régime politique actuel n’a de cesse d’invoquer les eighties et les traditions ancestrales sources d’identité souveraine, il n’a pas manqué de s’associer à cet événement porteur d’un volontarisme autoproclamé « révolutionnaire ». Côté paillettes, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme Mikailou Sidibé et son collègue des Infrastructures Adama Luc Sorgho ont procédé, ce 29 octobre, à la pose de la première pierre. Côté partenariat public-privé, les intervenants du jour ont tenu à évoquer une implication de l’État dans le projet. Sous quelle forme ?

Si ce projet « sans précédent dans la sous-région » est porté par le groupe Kastor Africa SA, représenté par son administrateur général Issouf Joseph Zagré, il jouit de l’expertise du Bureau national des grands projets et de la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (Sonatur). Pour ce qui est de la volonté politique, l’aventure initiée en 2016 aurait bénéficié de « la vision du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré », pour l’obtention du terrain. Si la presse locale ne précise pas l’investissement financier de l’État, les intervenants du jour ont évoqué une prochaine réduction des « charges locatives de l’État » grâce à ce complexe « moderne et fonctionnel ».

Comme pour rassurer que ce projet à 320 milliards de francs CFA (488 millions d’euros) ne sera pas un éléphant blanc, le promoteur a promis que les premiers immeubles seront livrés dans un délai de vingt-quatre mois, après avoir généré 320 emplois directs et 1 600 emplois indirects. Si la livraison était au rendez-vous, les Burkinabè devraient commencer à croire à d’autres perspectives qui semblent « impossibles au Burkina », pour reprendre les termes d’Iron Biby : le lancement dans l’espace du premier satellite du Burkina Faso, dénommé « Burkina-Sat1 », et la construction d’une centrale nucléaire en collaboration avec le groupe russe Rosatom.

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