Retrait éthiopien de Somalie: l’UA en première ligne, l’ONU au pied du mur

Annoncé par Addis Abeba en novembre, le retrait du corps expéditionnaire éthiopien, estimé à l’époque à 3. 000 hommes et présent depuis deux ans en Somalie, a commencé fin décembre et est déjà entré dans sa phase terminale, selon les autorités éthiopiennes.

Toutefois, samedi, le ministère éthiopien des Affaires étrangères indiquait dans un communiqué transmis à l’AFP que "les mesures nécessaires (avaient été) prises pour éviter un vide sécuritaire et le retour à la situation antérieure d’anarchie" en Somalie.

Une réunion de coordination s’est tenue cette semaine à Addis Abeba avec des responsables du gouvernement somalien de transition (TFG), de l’Amisom et de l’armée éthiopienne pour établir des plans de sécurisation et de transfert des positions occupées jusque-là par l’Ethiopie.

Reste que le retrait des troupes éthiopiennes place l’Amisom et son faible contingent de 3. 400 soldats burundais et ougandais dans une situation délicate.

"Le principal défi pour l’UA, c’est de maintenir le peu de progrès accomplis: traduire les accords de Djibouti sur le terrain pour que ce processus de négociation serve de base à quelque chose de plus substantiel qui puisse rassembler tous les Somaliens", explique à l’AFP le porte-parole de l’UA El-Ghassim Wane.

Le gouvernement somalien et l’opposition islamiste modérée ont signé en juin à Djibouti un accord de partage du pouvoir et de trêve, catégoriquement rejeté par les shebab, des islamistes extrémistes à la tête de l’insurrection armée dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

Le retrait éthiopien "pose de nouveaux défis à l’Amisom, notamment au niveau tactique. Nous ne sommes pas dans une situation facile, c’est évident", ajoute le porte-parole de l’organisation panafricaine.

Face à l’avancée des islamistes sur le terrain et lassée par les divisions internes qui paralysent le TFG, l’Ethiopie tente également de ne pas perdre la face et de s’extraire du bourbier somalien. Addis Abeba rappelle que son intervention aux côtés du TFG était motivée avant tout par la menace que faisait planer les Tribunaux islamiques sur son territoire.

"Les forces de défense éthiopiennes ont déjà réussi à éliminer cette menace et ont conclu leur mission avec succès", assure Addis Abeba.

Mais l’Ethiopie, en retirant son corps expéditionnaire, rappelle aussi la communauté internationale à ses responsabilités vis-à-vis de la Somalie, où l’ONU a échoué à ramener la paix au milieu des années 90.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wahide Belay, a indiqué récemment que l’Ethiopie avait "répété les appels à la communauté internationale pour qu’elle renforce l’Amisom" et "soutienne la mise en oeuvre des accords de Djibouti".

Une vision partagée par l’UA: "les Ethiopiens ont toujours indiqué qu’ils étaient restés deux ans en Somalie seulement pour éviter un vide sécuritaire préjudiciable au processus de paix et espéraient que l’Amisom arriverait à se déployer complètement, voire que l’ONU se déploierait", explique M. Wane.

"Maintenant, il appartient aussi à la communauté internationale d’être franchement dans son rôle et d’assumer ses responsabilités: au minimum la communauté internationale devrait aider l’Amisom", estime-t-il.

Sous-financée, l’Amisom, déployée depuis mars 2007 essentiellement à Mogadiscio, compte seulement 3. 400 soldats burundais et ougandais, loin des 8. 000 hommes initialement prévus. Trois autres bataillons (environ 800 hommes chacun) ont été promis par le Burundi, l’Ouganda et le Nigeria, sans date de déploiement.