Mozambique : affrontements entre la police et des manifestants après la présidentielle contestée
Ce 2 novembre, des rassemblements ont été violemment dispersés dans plusieurs villes du pays, dont la capitale Maputo. Depuis l’annonce de l’élection du candidat du Frelimo Daniel Chapo, l’opposition appelle à manifester et dénonce un scrutin « volé ».
De nouveaux affrontements ont opposé samedi 2 novembre la police et des manifestants dans plusieurs villes du Mozambique, où l’opposition conteste les résultats de la présidentielle, entachée de multiples irrégularités, selon les observateurs internationaux.
Dans la capitale Maputo, des centaines de personnes se sont rassemblées avant d’être dispersées par la police avec du gaz lacrymogène et des tirs de balles en caoutchouc, ont constaté des journalistes.
La proclamation, le 24 octobre, des résultats officiels des élections présidentielle et parlementaires du 9 octobre a immédiatement déclenché de violentes manifestations dans plusieurs villes, l’opposition dénonçant un scrutin « volé ». Avec près de 71% des suffrages, Daniel Chapo, candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo), parti au pouvoir depuis quarante-neuf ans, a été déclaré vainqueur.
« Chaos »
Dans la province de Nampula (Nord), à près de 2000 km de la capitale, des affrontements ont également éclaté en plusieurs endroits ce 2 novembre, selon des témoignages recueillis par des journalistes. Dans la capitale provinciale Nampula, « à environ 9h00 [7h00 GMT], presque 500 personnes sont descendues dans les rues pour contester les résultats des élections », a indiqué Constantino Jose, un chauffeur de taxi de la ville.
« Les manifestants se sont rassemblés à Arresta [le plus grand marché de Nampula] et ont bloqué des rues. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles pour disperser la foule », a-t-il poursuivi.
Un mouvement local de société civile, Plataforma Decide, a indiqué aux journalistes que la « province de Nampula était en plein chaos », notamment dans la ville de Nampula, « où la police a tiré des gaz lacrymogènes ». Sollicitée par les journalistes, la police n’a pas répondu.
Dans la ville de Namialo, à 95 km de Nampula, « plus d’une centaine de manifestants ont brûlé des pneus dans la rue », selon un correspondant local, qui a précisé que des policiers en grand nombre avaient été déployés dans la zone.
Selon une autre source, au moins neuf personnes ont été touchées par des tirs sans qu’on sache pour l’instant s’il s’agit de gaz lacrymogènes ou de balles. Un administrateur de la ville de Meconta-Namialo, Melchior Focas, a confirmé des « affrontements » dans la zone.
« Altérations injustifiées des résultats »
Le principal opposant Venancio Mondlane, 50 ans, qui revendique la victoire à la présidentielle, a appelé à une grève nationale et à des manifestations jusqu’au 7 novembre. L’ancien animateur de radio, qui a quitté récemment la Renamo, parti d’opposition historique, est arrivé en deuxième position avec 20% des voix, selon les résultats officiels.
L’opposition a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel, plus haute cour du pays, pour exiger un nouveau comptage des voix. Cette cour a ensuite demandé à la commission électorale de lui transmettre tous les résultats des bureaux de vote de six des onze provinces, ainsi que ceux de la capitale Maputo.
L’ONG anti-corruption Public Integrity Center a estimé qu’il s’agissait des élections « les plus frauduleuses depuis 1999 », déjà très contestées. La mission de l’Union européenne a notamment relevé des « altérations injustifiées de résultats », constatant que sur un tiers des dépouillements observés, les chiffres « ne concordent pas ».
(Avec AFP)
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