Au Gabon, les Bongo passent à l’offensive numérique pour faire libérer leurs « otages »

Les soutiens de l’ancienne famille dirigeante ont lancé ces derniers jours une campagne sur Internet pour obtenir la libération de Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin, qu’ils considèrent comme des otages du régime de transition de Brice Clotaire Oligui Nguema.

© Damien Glez

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Publié le 5 novembre 2024 Lecture : 3 minutes.

Alors que les putschistes d’Afrique de l’Ouest jouent la montre, Brice Clotaire Oligui Nguema semble, lui, accélérer le mouvement vers l’adoption d’une Constitution qui devrait pouvoir lui permettre de se présenter à la prochaine présidentielle et, donc, de s’installer durablement au pouvoir. En vue de l’instauration d’un régime ultraprésidentiel, Brice Clotaire Oligui Nguema a fixé un référendum au 16 novembre et les appels à la candidature du président de la transition fusent. L’ère Bongo est-elle définitivement révolue ? Une portion plus que congrue de l’opinion publique réclame le retour à l’ancien ordre constitutionnel et une offensive numérique attire actuellement l’attention sur le sort de l’ancienne famille « régnante ».

Les soutiens des Bongo déploient actuellement une campagne qui emprunte tous les codes des opérations de soutien à des otages. Sur un visuel décliné quotidiennement, une photographie ombrée d’un Ali, d’une Sylvia et d’un Noureddin tout sourire  – le père, la mère et le fils – est barrée du nombre de « jours de captivité », le dernier chiffre en rouge. Les posts, en particulier sur le réseau social X, exploitent les ressorts des hashtags #ReconciliationGabon, #FreeNoureddinandSylvia ou encore #Gabon, ainsi que la possibilité de taguer des personnalités et des organisations. Une série de mentions semble ainsi prendre particulièrement à témoin d’influents comptes occidentaux comme ceux d’Emmanuel Macron, de l’Elysée, de l’OIF ou d’organes de presse installés en France.

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Détention « arbitraire et illégale »

Si ces messages apparaissent sur les pages personnelles desdits « otages », les posts parlent des intéressés à la troisième personne : « Nous appelons auprès des autorités nationales et de la communauté internationale au respect des droits fondamentaux et de défense de Sylvia et Noureddin, à l’arrêt des maltraitances et actes de torture. » Sur la page de Sylvia Bongo Ondimba, un communiqué développe le plaidoyer : « La confiscation de l’État gabonais, la nuit du 29 août 2023, n’a pas été uniquement la remise en cause brutale des lois constitutionnelles et des lois militaires. Elle s’est accompagnée d’une prise d’otage hors du cadre légal et institutionnel. »

La détention de Sylvia Bongo Ondimba et Noureddin Bongo-Valentin s’y voit qualifiée d’“arbitraire et illégale” tandis qu’y sont listés des « spoliations », des « maltraitances et actes de tortures« , une « violation du respect des droits fondamentaux de la défense », ainsi qu’une « interdiction de droit de visite ». Évoquant une « absence d’avancée de l’instruction », « un dossier vide » et une « absence de preuves de charge », les auteurs de la campagne se disent certains que « la tenue d’un procès juste et équitable n’a jamais été et ne sera jamais l’objectif du CTRI », le Comité pour la transition et la restauration des institutions.

Changement de ton

C’est sur un tout autre ton que l’ex-président Gabonais avait pris la parole, en septembre dernier. En renonçant définitivement à toute ambition politique nationale, Ali Bongo Ondimba avait demandé la clémence pour ses proches. Il appelait « à l’apaisement, à l’arrêt des violences et des tortures intentées » contre sa famille, plus particulièrement son épouse et son fils, et « à leur libération car depuis trop longtemps désormais emprisonnés pour des faits dont ils n’ont pas été reconnus coupables ».

Un mois et demi plus tard, c’est donc sur ton plus vindicatif que la famille Bongo sollicite « solennellement » l’interruption des poursuites pour des faits de haute trahison et de détournement de fonds publics et donc « la cessation » de la détention. Les soutiens de Sylvia Bongo Ondimba et Noureddin Bongo Valentin doutent-ils de la popularité de ces derniers ? Sur X, leurs pages précisent que ne peuvent répondre aux posts que « les comptes mentionnés »…

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